Fin 2012, la décision est prise : on veut starter une petite famille. Après quelques mois à faire des galipettes, à réapprendre à comprendre mon cycle menstruel (bio de secondaire 3, t’es où quand on a besoin de toi?) et deux-trois pipis sur des bâtons, les fameuses lignes roses apparaissent finalement. Un bébé est en route!
Première question qu’on entend lorsqu’on apprend la nouvelle aux gens : «S’tu une fille ou un gars que vous attendez?» Et là, la réponse qui tue : «On a décidé de garder la surprise.»
(Crédit photo : giphy.com)
Sérieusement, les réponses des gens m’ont vraiment fait rire. On est passé par «Ha ouin! C’est donc bien bizarre comme idée ça» à «Ben là, comment on va savoir quoi vous acheter comme cadeaux?» et à «Mais là, comment est-ce que vous allez vous préparer pour l’arrivée du bébé?» #FirstWorldProblems
Semblerait qu’en 2013, on était pratiquement l’équivalent d’une espèce en voie de disparition. Dans nos cours prénataux, il y avait 20 couples dans la salle et un seul qui ne connaissait pas le sexe du bébé : nous.
Avant d’être enceinte, les raisons qui me poussaient à garder la surprise étaient plutôt floues. Était-ce parce que mes parents l’avaient fait eux aussi ou simplement pour le trip d’entendre le médecin dire «C’est un garçon/fille!»? C’est possible.
Toutefois, pendant ma grossesse, ces raisons se sont précisées. Même si je ne l’avouais pas à voix haute, une partie de moi se disait que de ne pas savoir le sexe du bébé me protégeait en quelque sorte. Sans sexe, je ne pouvais pas me faire une idée claire de qui il était. Et sans nom, sans visage, sans personnalité, il était vrai, sans l’être vraiment. Ainsi, s’il lui arrivait quelque chose, ça ne serait pas ma petite Rose ou mon petit Gabriel que je perdrais. Ça serait un bébé, point à la ligne.
J’ose croire que les hormones de grossesse y étaient pour beaucoup parce qu’on s’entend, même sans nom, sans sexe, sans rien, ce bébé là, je l’aimais et le voulais de toute mon âme. Avec le recul, je tentais probablement de trouver un mécanisme de défense à toutes ces craintes qui nous hantent pendant cette période. Pas l’idéal, mais à ce moment-là, ça me semblait bien logique.
Plus superficiellement, je voyais aussi la surprise du sexe de bébé comme une façon de ne pas être déçue. C’est con, mais la possibilité de vivre une déception envers ce petit être qui se formait dans mon ventre pour une simple question de pénis ou de vagin me rendait triste. Pourquoi venir ternir ce si beau moment pour ça? Gars ou fille, j’allais l’aimer pareil. Je me disais qu’après l’effort de l’accouchement, ça serait impossible d’être déçue; je ne pourrais qu’être contente de tenir mon bébé dans mes bras. Un déclenchement douloureux et deux épidurales manquées plus tard, je confirme que c’est vrai.
Personnellement, j’ai adoré mon expérience et je la recommencerais demain matin. Quelles ont été vos raisons de garder (ou non!) la surprise du sexe de bébé?