72 heures à 35 degrés Celcius : le processus de refroidissement chez le nouveau-né qui a souffert d’asphyxie néonatale.
Andréanne M. LapointeLe corridor où une infirmière vient m’expliquer ce qu’ils vont faire à ma petite fille est plongé dans l’obscurité, tout comme mon cerveau qui essaie de se convaincre que tout cela est réel. C’est vraiment mon bébé qui est là, quasi inanimé, les bras en croix sur une table d’examen. Je ne peux pas croire que ça m’arrive à moi!
L’infirmière des soins intensifs de néonatalogie de l’hôpital pour enfants m’explique qu’ils vont utiliser une technique d’hypothermie qui consiste à refroidir le cerveau du nouveau-né ayant souffert d’encéphalopathie hypoxique-ischémique (nom scientifique du manque d’oxygène à la naissance) en baissant la température corporelle à 35oC pendant 72 heures. Ce serait la meilleure façon connue/utilisée par les hôpitaux pour limiter les dommages au cerveau.
OK, je viens d’accoucher il y a quelques heures à peine et j’ai l’impression que mon cerveau flotte dans un nuage de brume. Tout cela est beaucoup trop d’information d’un seul coup, mais je dois me ressaisir et signer un formulaire de consentement médical. Les médecins disposent d’environ 6 heures après la naissance pour procéder, sinon le cerveau libère le glutamate et il est trop tard pour la procédure. Je dois donc consentir à ce qu’on « refroidisse » ma fille sans vraiment avoir bien compris en quoi cela consistait.
Un docteur va l’examiner pour s’assurer que mon bébé se conforme bel et bien à tous les critères nécessaires à un refroidissement. L’infirmière me dit, avec une lueur d’espoir dans les yeux, qu’elle pense que ma fille sera admissible. Lueur que je n’arrive pas à comprendre à ce moment-là.
Quand j’ai enfin reçu la permission pour aller la voir, ma fille était déjà refroidie. Je n’avais pas encore vu ses yeux, je ne l’avais pas encore tenue dans mes bras… J’ai dû attendre à sa cinquième journée de vie pour la prendre enfin contre mon cœur!
Les jours qui suivent un refroidissement sont cruciaux. Ce n’est qu’à ce moment que les dommages au cerveau sont décelés, s’il y en a, et que l’ampleur de ceux-ci peut être mesurée. Nous avons été chanceux; notre miniétoile répondait très bien aux tests physiques et neurologiques. Ça signifiait qu’il n’y avait peut-être pas de dommages ou que s’il y en avait, ils seraient minimes. Ce n’est pas une garantie, mais pour l’avenir, c’est quand même de bon augure.
Les bonnes nouvelles ont continué, et bébé se développe bien, pour l’instant…
Maintenant, je comprends la lueur d’espoir dans les yeux de l’infirmière ce soir-là. C’était parce qu’elle espérait sincèrement que notre fille se qualifierait pour être refroidie, car cette technique permet de petits miracles. Le refroidissement et le personnel extraordinaire du Children’s Hospital ont probablement épargné à notre fille des retards mentaux et moteurs d’envergure.
Je les remercie à l’infini.
Comment avez-vous vécu l’hospitalisation de vos minis? Quel traitement miracle a été utilisé pour aider votre bébé?