Partie 2. Des housewives pas désespérées pantoute : Anne a lu « Aimer, materner, jubiler » et vous en parle!
Anne GenestLa semaine dernière, je vous ai parlé du livre Aimer, materner, jubiler d’Annie Cloutier.
La maternité a changé bien des choses dans ma vie, ainsi que des convictions que je pensais pourtant coulées dans le béton. Jamais, mais vraiment, jamais je ne m’étais imaginé être à la maison pour m’occuper exclusivement d’une enfant.
Je me souviens qu’enceinte jusqu’au cou, lorsque je choisissais le service de garde, j’avais été étonnée de constater qu’un si maigre échantillon de garderies étaient ouvertes le samedi. Parce que oui, j’avais l’habitude de travailler aussi le week-end. Meh!
Être mère au foyer était pour moi une forme d’égoïsme maquillé. À côté des soucis d’une profession, pouponner ne pouvait être qu’une partie de plaisir. Ah là là! Ce que je me trompais!
Plusieurs mères me l’ont ensuite avoué : retourner au travail leur a permis enfin de respirer.
Le privé est politique
Ce que je ne savais pas, surtout, c’était qu’être à la maison me donnerait du recul. Tout ce temps « gaspillé » à allaiter, à bercer un bébé et à promener une poussette me permettrait enfin de réfléchir, de relativiser les choses, de mettre de la lenteur dans ma vie. Et de revoir mes priorités.
C’est ce changement de perception, cette forme d’humanisme, qui fait dire à la sociologue Annie Cloutier que l’altruisme de la mère, sa conception de la vie plus groundée lui permet aussi de mieux comprendre la société.
Ce n’est plus le marché du travail qui apporte une gratification, mais le foyer, la famille, les vraies valeurs, quoi! Et cela, non par égoïsme, mais pour un changement social basé sur la justice sociale, le bien-être, la simplicité volontaire, entre autres.
Féministe (mais aussi un peu contre le féminisme)
Je suis féministe et je suis en accord avec les revendications des femmes en matière d’équité au travail. Par contre, tout comme Annie Cloutier, je crois que d’autres valeurs que celle du travail rémunéré devraient aussi être défendues.
D’après la sociologue Nancy Fraser, « Au nom de l’autonomie des femmes, le féminisme a abandonné son rôle de critique de notre système économique ».
La prestation de 100 $ pour la garde d’enfants, par exemple, devrait pouvoir être employée aussi pour encourager la garde parentale au foyer.
Faire simple (et aimer ça)
Ce choix (d’être à la maison) n’est pas sans conséquence. Suis-je prête, comme Annie Cloutier, à me contenter de vivre avec peu? Est-ce que la société actuelle permet encore aux familles de survivre avec un seul revenu?
En y réfléchissant, je crois qu’il m’est possible (et souhaitable) de réduire ma surconsommation. Et ce pari, celui de vivre plus simplement et de me reconnecter à l’essentiel, me plaît vraiment.
Seriez-vous prêtes à faire des concessions en échange d’une garde parentale au foyer? Ce choix serait-il bon pour notre société?