Ça m’a frappé dès la seconde où j’ai eu Arthur sur moi, juste après que le personnel de l’hôpital nous ait laissé, mon chum, notre nouvel humain pis moi. Et ce nouvel humain, le mien, je voulais juste jamais qu’il meurt. À l’hôpital, les heures suivant sa naissance, chaque seconde où Arthur dormait faisait monter en moi une angoisse pas possible. J’étais épuisée de mon accouchement, mais je me suis réveillée dans la nuit et Arthur faisait des bulles. Nous avons appelé les infirmières. Elles ont aspiré pas mal de liquide amniotique qui était resté prisonnier de ses bronches et son nez, puis elles nous ont laissé. Quelques heures plus tard, le manège a recommencé.
Pas bien longtemps après, nous avons reçu la « formation de parents » donnée par les infirmières de la maternité. On nous a parlé de certaines pratiques qui étaient déconseillées pour le sommeil de bébé. J’ai commencé à avoir une peur bleue de la mort blanche.
Une peur qui ne se rationalise pas pentoute avec le temps.
C’était fini, je n’allais plus dormir en paix jusqu’à ce qu’Arthur ait un an.
En fait, j’adorais dormir parce que le temps passait plus vite, mais je détestais le voir dormir par peur de le voir partir.
Pendant un an, j’ai dormi avec mon bébé contre moi. Chacun de ses souffles dans mon cou, dans ma face me rassurait. Je détestais chacun des réveils la nuit parce que j’étais brûlée, mais j’adorais savoir que mon bébé était encore en vie.
Je suis comme ça, une insécure de nature. Je me réveille la nuit et je texte ma jumelle pour savoir si son chat est entré. Maintenant que j’ai un humain, je vérifie très souvent s’il respire encore. J’ai tellement peur qu’il me laisse avec un vide immense que seule sa présence peut remplir. Je l’aime tellement.
C’est con, mais je n’ai jamais été aussi contente de vivre un anniversaire que celui du un an de mon bébé. Comme si enfin je pouvais passer à autre chose, une autre crainte. C’est tellement pas rationnel.
J’avais envie de partager mon angoisse, pas pour que vous aillez peur, mais juste parce que ça sert aussi à ça un espace comme ce blogue.
Est-ce que vous avez eu peur de la mort blanche?