Y'a quatre ans, j'étais une genre de junkie de la télévision. Elle était toujours allumée, un genre de bruit de fond omniprésent. Elle m'accompagnait dans mes maladies, dans mes peines, dans mes moments d'emmerdes. Au déjeuner, au souper, pendant mes devoirs et j'en saute.

Y'a quatre ans, je rencontrais un Français qui n'avait pas écouté la télévision depuis une bonne quinzaine d'années. Clash, tu dis? C'est peu de le dire. Disons qu’on a vécu une rencontre des opposés.

Quand notre fille avait à peine un mois, il m'a demandé quelque chose que je voyais venir depuis le premier jour : de couper le câble. Il m'a quand même proposé d'attendre que l'allaitement soit ajusté et que je sois revenue à ma forme pour faire la coupure officielle. J'avais donc la chance de me sevrer un peu, mais j'ai choisi de faire tout le contraire : je suis partie sur une go avec ma TV.

Et soyons honnêtes, j'écoutais de la merde : Teen Mom, Birth Story et Jersey Shore. J'ai honte mais je ne me cache pas. J'ai fait le plein et un jour en février, je me demande si ce n'était pas à la St-Valentin, on a j'ai fait la grande coupure.

Au début, c'était hyper difficile. Je ne savais pas trop quoi faire de moi-même, malgré le petit humain si fascinant que j'avais devant moi. Au bout de quelques jours, je me retrouvais à écrire dans mon journal, à prendre de longs bains. Je retrouvais le temps et le plaisir de lire. Simplement d'être avec ma fille, de jouer avec elle. J'ai appris à utiliser la table tournante de mon homme et une machine à coudre. J'ai ouvert des livres de cuisine que j'avais achetés en spécial, je ne sais pas quand, et que je n’avais jamais pris le temps de savourer. Littéralement. 

Crédit : Funny Junk

 
Au bout d'une année complète, je ne pensais plus du tout à ce téléviseur qui n'était devenu qu'un écran physique dans notre salon et qui nous permettait d'écouter des films de temps à autre. Et c'est avec plus de recul que j'ai finalement compris ce que mon mari m'avait donné en cadeau : il m'a redonné ma liberté de penser; il m’a offert la chance de me remettre le cerveau de mes années d'abus télévisuel. Il m'a permis de me recentrer sur l'important de nos vies : notre petite famille. 

Je ne me comparais plus à toutes ces filles que je voyais à la télé. J'avais moins de besoins et je profitais mieux des nécessités. Je ne parlais plus de tel produit ou telle actrice, car je n'étais pas au courant de leurs existences.

C'est comme si j'avais perdu un immense poids qu'on m'avait imposé. C'est comme si je m'ouvrais à la vie, la vraie.

Quelle coupure ou sacrifice avez-vous fait depuis la venue de vos enfants (pour le mieux)?