Passer de la maison de naissance à la césarienne. Quand ton accouchement ne se passe pas comme prévu.
Anne-Marie PlamondonC’était un sentiment profond, je mourais d’envie d’expulser mon bébé par mon vagin. Par-dessus tout, je voulais un accouchement naturel en maison de naissance. Loin des bips, des jaquettes bleues et des étriers en salle d’accouchement. C’était mon choix, mon plan.
Ma grossesse s’est passée merveilleusement bien, j’idéalisais donc mon accouchement. Tout ne pouvait que bien se passer, j’étais une super-femme-enceinte.
4 h le matin du 2 janvier, je me réveille en contractions. Je comprends que c’est aujourd’hui que tout se passera enfin, à 41 semaines 5 jours. Disons plutôt 10 mois.
Je flush les deux dernières semaines de mes pensées. Le pénible temps des fêtes était maintenant derrière nous. Il n’y aura plus de:
« Toujours pas accouché toi? D’après moi tu vas avoir un petit bébé de l’année »
« D’après moi, tu veux trop, tu devrais lâcher prise! »
« D’après moi, tu es trop en forme ».
14 h 30, nous arrivons à la maison de naissance pour nous installer.
15 h 15, l’étudiante de ma sage-femme m’offre de m’examiner et me propose de décoller les membranes pour faire avancer les choses. J’accepte naïvement, elle procède et là… le DÉLUGE!
La poche des eaux se rompt en même temps que son sourire. Je ressens son malaise jusqu’au plus profond de moi. La tête de mon bébé n’est pas encore fixée dans mon bassin. Je dois donc rester couchée en attendant qu’elle descende suffisamment.
18 h 15, je peux maintenant me lever et prendre mes contractions dans une position plus favorable à la descente. Mon col n’est qu’à 3 centimètres.
Une heure passe, les contractions sont plus intenses. Je sens que ça ne pousse pas sur le col, mais sur le sacrum et dans mon bassin. Je sais au fond de moi que ce n’est pas supposé être comme ça. Mes contractions sont parfois si rapprochées que mon ventre se tend sans répit.
J’avertis ma sage femme qui me réexamine. Elle trouve un cœur beaucoup trop lent et juste avant que mon rêve ne s’écroule, elle dit : « On transfère! ». J’ai l’impression d’être zen. Le sérieux de la situation nous saute pourtant aux yeux. L’ambulance s’en venait nous chercher.
Crédit : Anne-Marie Plamondon
20 h, à l’hôpital le cœur du bébé va bien sauf lorsque mes contractions se regroupent. Après une heure et demie de moniteur, le docteur annonce qu’il nous laisse une autre heure et demie pour que bébé place sa tête et fasse son chemin.
22 h 30, je suis dans le bain depuis une heure, je bouge, me tortille et je parle à notre bébé pour lui montrer le passage. Je sais que bébé ne descendra jamais, que mon col ne s’ouvrira pas si sa tête y touche à peine.
23 h, le médecin me rappelle. Rien n’a bougé! Il dit avec sérieux : « Il faut aller le chercher »
Le cœur de mon amoureux explose lorsque trois infirmières se dépêchent de me piquer les bras et de m’installer douloureusement une sonde dans l’urètre. Bonjour adrénaline, au revoir endorphine!
En salle d’opération, les yeux inquiets du docteur accompagnent le cœur lent de mon bébé. Boom boom. Je pense alors : « Piquez-moi et sortez-le au plus vite! » Le personnel s’agite et exauce mon souhait. Tout va si vite qu’ils oublient de faire rentrer mon homme. Je le demande et il arrive tout juste à temps pour entendre le premier cri de notre fils.
Deux heures plus tard, je patiente seule dans ma chambre d’hôpital. J’entends à nouveau son cri venant de la pouponnière.
Mon amoureux m’a dit qu’il m’entendait crier : « C’est mon bébé, c’est mon bébé! »
Comment vous êtes-vous préparé à la possibilité que votre plan de naissance ne se passe pas comme prévu?