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L’attachement à son enfant, ce n’est pas toujours instantané!
Crédit: Julie Rochon

Je ne m’étais jamais réellement imaginée avec un enfant avant d’être enceinte. C’est peut-être pour cette raison que, même s’il avait été désiré, j’ai eu un choc quand les deux barres sont apparues sur le test de grossesse.

Je n’ai pas été celle qui, pendant 9 mois, s’est flatté la bédaine à outrance. Ni qui parlait à son bébé à voix haute en décorant sa chambre. J’étais plutôt du type qui se posait des questions sur tout. 

Tout comme dans un billet de ma collègue Manal, une amie m’a dit, quasiment en chuchotant, que l’amour n’avait pas été immédiatement au rendez-vous entre elle et son enfant après son accouchement.

Je la plaignais, sérieux. Sans me douter que quelques mois plus tard j’allais vivre la même chose.

Ma visualisation de l’accouchement s’arrêtait à l’expulsion. Point. Je n’avais pas pensé à ce que je ressentirais en voyant mon bébé pour la première fois. Ni à comment je vivrais la suite.

Avec une pré-éclampsie et quelques chutes drastiques de pression tout juste avant de pousser, je n’étais pas toute là quand le médecin a déposé mon fils sur moi. J’ai pleuré, mais pas de joie. Pas de fierté non plus. J’ai pleuré parce que c’était inattendu (duh) et que je réalisais que c’était réel. J’étais maintenant une maman, que j’y sois prête ou pas.
 

À cause d’un pépin relié à l’épidurale, j’ai eu un mal de tête à tomber par terre. Les cinq jours qui ont suivis, toujours à l’hôpital, je me suis occupée au minimum de mon enfant, étant tellement faible que je n’étais même pas capable de me lever. Le crâne voulait me fendre en deux. Et mon bébé ne m’intéressait pas plus qu’il ne le faut.
 
C’est honteux. Je sais.
Comment résister à ce petit être tout doux?
Crédit : Julie Rochon

 
De retour à la maison, à part les fois où mon chum venait me porter fiston pour que je l’allaite (pour ce que j’en étais capable), je suis restée couchée dans le noir, en espérant que la douleur disparaisse. J’ai secrètement voulu que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve. Je prenais mon fils dans mes bras, mais c’était un inconnu.

La douleur s’est finalement atténuée et j’ai fait face à la réalité. Mon chum s’était occupé de notre enfant pendant deux semaines complètes, comme un grand, sans que je sois capable de l’aider le moindrement. En plus de pleurer et douter, je me sentais incompétente. J’ai trouvé difficile de m’insérer dans la routine qu’il avait déjà mis en route avec bébé. Je prenais mon fils et il pleurait. Je le passais à mon homme et il cessait. Mon fils connaissait son père, pas sa mère.

C’est alors que j’ai repensé à ce que mon amie m’avait raconté. Ça m’a réconforté. Moi qui passais mes journées à me trouver indigne parce que je n’avais pas ressenti ce fort amour prévu dès les premiers instants, je me suis permis de relativiser un peu.


En allant un peu mieux de jour en jour, j’ai passé plus de temps avec lui. J’ai développé une certaine proximité qui s’est peu à peu transformée en attachement. Ça a pris du temps avant que je puisse même penser « je t’aime » en regardant mon bébé. De ne pas avoir été présente à ses deux premières semaines de vie me rendait étrangère à ses besoins, à ce qui faisait qu’il était lui. Ce petit être que j’avais attendu pendant 9 mois, senti bouger dans mon ventre en me demandant quel genre d’être humain il serait.
 

Nous avons appris à nous découvrir un peu plus chaque jour
Crédit : Julie Rochon

 
C’est vraiment quand je me suis retrouvée seule avec lui, après le congé parental de mon chum, que j’ai réalisé l’ampleur de la chose. Les jours, puis les semaines sont passées. Je n’ai pas compté le temps parce que ça me faisait mal de le faire. Mais l’attachement, puis l’amour se sont pointés le bout du nez. À partir de ce jour, l’escalade des sentiments s’est fait tranquillement, mais sûrement. Parfois, je me demande quel a été le déclencheur d’un amour plus puissant que tout. Est-ce un petit sourire en coin qu’il aurait esquissé? Est-ce ses petits doigts enroulés autour de mon index pendant que je lui donnais à boire? Je ne sais pas.

Mon fils aura bientôt deux ans et il est maintenant l’amour de ma vie. L’important n’est plus le temps que ça aura pris pour vraiment me sentir être sa maman. C’est qu’aujourd’hui, il soit tout pour moi.

Est-ce que l’attachement à votre enfant a pris un peu plus de temps à arriver? Comment avez-vous géré ça?

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