Privatiser l’Éducation à petits pas : quand Subway et Tim Hortons débarquent au cégep!
Emilie Sarah Caravecchia On n’en veut pas de commerces dans nos écoles, cégeps, universités, name it. Rien de plus. Rien de moins.
L’histoire a commencé quand en janvier nous avons appris que la compagnie Chartwells, qui opère les services de la cafétéria du Collège Montmorency, avait obtenu une franchise des restaurants Subway et qu’elle allait en ouvrir un au cœur même du Collège. Pas en retrait, non, au cœur, dans l’agora, près de l’entrée principale.
Et la compétition cafétéria v.s. Subway, c’est bien, non!? Fausse compétition, en fait. L’argent du Subway, dans les poches d’la café’. C’est beau, les monopoles!
Sont venues des motions de nos assemblées. On décriait haut et fort cette venue inattendue.
Nos demandes de moratoires? Nos arguments sur la piètre valeur nutritive des sous-marins offerts en trio? L’air de rien, j’ai tendance à croire mes collègues du département de diététique.
Tout ça. Lettres mortes.
Un contrat de 2 ans. C’est signé. Peut rien faire. Pas si pire.
Pourtant.
Est venue la lettre ouverte de mon collègue parue dans Le Devoir. Le lendemain, le Journal de Montréal. Aujourd’hui, ce billet.
Si d’un côté, je suis contente que l’histoire sorte, d’un autre, je suis troublée de réaliser à quel point les commentaires défendent le point de vue selon lequel on peut bien faire entrer un commerce dans un établissement d’enseignement.
Pas si pire. Les syndiqués capotent. Des communistes, man!
Misère…
Crédit : Emilie Sarah Caravecchia
Le plus près du communisme que je suis, c’est quand je porte ma veste à col mao!
Reste que…
Reste que le privé n’a pas sa place dans un établissement d’enseignement. Il n’y a pas sa place parce le milieu de l’enseignement doit être LIBRE de toute influence du marché. Le milieu de l’enseignement est là pour permettre aux étudiants de réfléchir à leur société future en dehors de tous dogmes. Oui, le capitalisme est une doctrine. Le néo-libéralisme aussi.
Et pourtant, c’est exactement l’inverse qui est en train de se produire avec cette « arrivée ». Merci Couillard, Blais, Coiteux et tous leurs suppôts. Vous annonciez hier que vous envisagez privatiser les sociétés d’État. Vous faites la même chose avec l’Éducation.
Laisser le privé financer les établissements scolaires, ça revient à laisser le priver DIRIGER les établissements scolaires. Aller chercher du financement auprès des entreprises pour combler les manques à gagner parce que le Gouvernement saigne à blanc le milieu de l’éducation, c’est PRIVATISER le milieu de l’éducation. Rien de plus. Rien de moins.
Voulons-nous vraiment d’un système qui ne forme que de dociles petites fourmis sans empathie qui refusent de prêter quelques grains pour que son prochain puisse subsister aux rigueurs de la vie?
Privatiser l’Éducation en revient à limiter son accès. Les riches pourront, les autres non. En somme, c’est revenir en arrière quand s’éduquer coûtait trop cher, quand on sortait les enfants des écoles à 12-13 ans pour les faire travailler. Ça ne fait pas si longtemps, vous savez.
Il ne faut pas oublier que certains de nos droits – qu’on considère à tort acquis – sont récents, très récents, qu’ils tiennent à bien peu de choses et que la simple volonté d’un gouvernement néo-libéral majoritaire (tiens, donc!) peut les faire s’envoler comme les feuilles automnales condamnant la cigale.
Aujourd’hui, c’est un Subway et un Tim Hortons. Demain, ce sera quoi?
Voulons-nous fidéliser nos jeunes, nos enfants, si facilement? Voulons-nous faire de la publicité gratuite en lieu clos? Une ribambelle de jeunes se baladant café et sous-marin à la main, ça s’ancre dans la tête, dans l’imaginaire… C’est insidieux, très insidieux.
Que pensez-vous des commerces dans les institutions d’enseignement?