Depuis que je suis mère, il y a de ces choses qui me font rusher royalement. Me battre avec une poussette jammée dans neige en est une. Suer de la face (et entre les seins) en tentant de sortir simultanément une coquille, des sacs d’épicerie et le sac à couche de la voiture alors que mon manteau frotte sur le calcium de la carrosserie en est une autre. Et il y a tous ces autres petits moments très banals, mais qui demandent vraiment beaucoup de temps et d’énergie : ramasser 1000 fois une suce tombée, aller chercher les jouets en dessous du divan ou tout simplement installer la progéniture dans le banc d’auto.
Maintenant, imaginez-vous si vous et votre conjoint étiez en chaise roulante et que vous deviez accomplir toutes les tâches, grosses et petites, qu’implique la vie de parents.
C’est ce que les parents de mon chum ont vécu toute leur vie.
Dès leur plus jeune âge, ils ont dû faire face à un handicap physique qui les a confinés à une chaise roulante à temps plein pour mon beau-père et à l’utilisation d’une canne et d’une chaise pour ma belle-mère. Et malgré tout, ils ont décidé d’avoir un enfant.
Pas besoin de vous dire qu’il y a trente ans, les choses étaient plutôt différentes d’aujourd’hui. First, les rampes d’accessibilité et les entrées égales à la rue, on oublie pas mal ça. Même à la clinique médicale, même à la pharmacie (lieux de prédilection pour les nouveaux parents !).
Il y a trente ans, l’ergonomie et la légèreté des poussettes, des bancs de bébés, des moïses, des chaises hautes, des couchettes, name it, on oublie ça aussi. Allô le bois massif et les 1001 attaches zéro ergonomiques. Je ne veux même pas y penser.
Il y a trente ans, les mentalités étaient différentes et on ne pouvait juste pas concevoir que deux personnes handicapées puissent s’occuper seules d’un enfant. Disons seulement que la nouvelle a fait jaser dans la famille.
Par contre, il y a des choses qui n’ont pas changé en trente ans. Un enfant qui fait le bacon à terre pour un rien. Un bébé qui se débat de toutes ses forces pour ne pas se faire changer sa couche. Un enfant qui court pour traverser la rue dès le pied mis dehors. Tout ça, ça existe encore. Ça nous fait sacrer et ça nous donne du fil à retordre, même avec deux jambes fonctionnelles.
Ils m’ont dit qu’ils ont développé leurs propres trucs, mais surtout, ils se sont fait confiance. Ils savaient qu’ils en étaient capables, peu importe ce que les gens pouvaient en penser.
Ma belle-mère m’a dit également dit que, aussi étonnant que ça puisse paraître, mon chum, dès le moment où il a commencé à marcher, semblait comprendre la situation dans laquelle il évoluait. Jamais il ne s’est précipité dans la rue en courant ou s’est sauvé de ses parents. Comme s’il sentait que de défier leur volonté, ça n’avait juste pas sa place, que finalement, il n’y avait pas vraiment de défi. Fou de même!
Depuis que je suis mère, mon admiration pour eux, pour tout ce qu’ils ont réussi en tant qu’humains et en tant que parents, s’est multipliée mille fois. Et lorsque j’ai envie de me plaindre pour des petits riens qui me font suer, j’essaie de penser à eux et je relativise. Ils sont une incroyable source d’inspiration et ça me rend fière de savoir que mes enfants grandiront à leurs côtés.
Connaissez-vous des parents qui vivent avec des limitations physiques?