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Être maman d’une fille et vivre dans la peur du viol.
Crédit: Justine Alexandre

Je suis maman d’une petite fille. Je suis maman d’un petit être sans défense. Un jour, elle deviendra grande, elle deviendra femme. Elle deviendra une figure féminine, désirable et sexuée.  Eh oui, je le sais bien!

Et avec devenir femme, il y a le danger. Il y a le risque. Il y a devenir une proie. Il y a la peur constante d’une maman pour sa mini.

Il y a la prise de conscience qui viendra pour elle qu’être femme est encore, au 21e siècle, un combat pour être traitée avec respect.

Ma fille aura 15 ans en 2029. J’ai espoir que d’ici là, les mentalités auront changé. Que les garçons et les filles seront mieux éduqués sur le consentement dans une relation. Peu importe le type de relation.

J’ai été agressée, j’ai perdu ma naïveté vraiment trop vite et de façon très malsaine. Je veux que ma fille puisse découvrir la beauté de devenir femme dans un environnement sain et agréable. Avec des licornes, pis toute tant qu’à y être!
 


Crédit : Quelqu’un dans un party de 2008?

J’ai perdu ma virginité dans un party de sous-sol. J’ai été violée. J’ai eu une relation sexuelle sans consentement. Sans plaisir. Sans respect. Et ça me confronte face à l’éducation sexuelle de ma fille.

Je me demande comment je vais l’aider à devenir une femme qui n’a pas peur, mais qui est responsable. Comment on apprend à sa fille la prudence sans devenir freak parce que notre réalité est teintée par notre passé de fille violée?

Je veux qu’elle puisse aller dans des party de sous-sol avec ses amis au secondaire, je veux qu’elle fasse ses propres expériences, lui laisser sa liberté, lui laisser faire des erreurs. Mais je veux la protéger, je veux lui inculquer de suivre son instinct, de se faire confiance, mais de ne pas faire confiance aux autres trop facilement. En même temps, je ne veux pas qu’elle devienne méfiante devant tout le monde et qu’elle ne tisse pas de liens, ou qu’elle soit trop indépendante. Je dis souvent qu’il faut vivre dans le gris, pas dans le noir ou le blanc. C’est ce que je tenterai de faire : lui inculquer la prudence et la méfiance, avec parcimonie. Insister sur le fait que le sexe pour faire plaisir à quelqu’un, ce n’est pas une bonne idée. Qu’il faut penser d’abord à elle, à ses envies, à son corps, à ses choix.

Ça fait neuf ans que je reconstruis ma vie sexuelle. Et ce n’est que dernièrement que j’ai retrouvé presque pleinement le plaisir. Le plaisir épanoui et partagé. Je veux que ma fille connaisse ça. Je veux qu’elle sache que le sexe, c’est beau et bon quand c’est désiré et partagé. Mais j’ai peur de lui transmettre la peur qui m’habite depuis le jour où j’ai su que c’était une petite madame qui grandissait dans mon ventre. La peur que l’impensable se reproduise, que le cycle se poursuive. 

Les parents d’ados, vous faites comment pour transmettre une image positive de la sexualité?

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