Je suis un bébé accident surprise. À peine quelques mois après ma naissance, mes jeunes parents n’étaient déjà plus un couple.
Histoire banale jusqu’à maintenant. Mais si le petit guide « Comment bien rater son divorce » existait, ils en seraient assurément les auteurs.
Plus de vingt-cinq ans plus tard, ils ne peuvent toujours pas se parler. Ni se regarder. Ni respirer le même air.
Avec ma tête d’enfant, je ne comprenais évidemment pas tout à l’époque. Je savais juste que mes parents me faisaient attendre dehors quand ils voulaient se crier des bêtises discuter (mais guess what, j’entendais). Je savais aussi que c’était souvent une question d’argent et que quand ma mère parlait de mon père, ce n’était jamais pour en dire du bien.
Avec ma tête d’adolescente, je comprenais un peu mieux. Il était encore question d’argent, j’étais tannée d’en entendre parler. Je m’ennuyais de mon père, mais je n’ai pas su lui démontrer. Je me suis plutôt éloignée. Je leur ai manifesté à tour de rôle à quel point je vivais mal avec leur guerre ouverte. Ma mère est restée de glace, mon père a été sous le choc de me voir si malheureuse. Rien n’a changé, alors je n’ai plus jamais abordé le sujet.
Quand je suis devenue maman, j’ai naïvement cru qu’ils réussiraient à mettre enfin leur rancune de côté, au moins le temps de partager leur fierté. Mais non. Quand mon enfant parle de l’un à l’autre, c’est souvent malaisant. Les anniversaires des enfants sont aussi toujours source de tension pour moi. (Merci à ma super belle-mère, mandatée d’arriver à l’avance, question de s’assurer qu’il ne règne pas un froid glacial dans la maison.)
Crédit : David Stanley/Flickr
En couple depuis plusieurs années, je sais que rien n’est acquis. Je travaille fort, lui aussi. Si jamais nous devions nous séparer, c’est que nous aurions TOUT fait avant d’en arriver là. Je comprends très bien que parfois, ça ne fonctionne juste plus. Mais j’ai aussi l’impression que des fois, c’est un peu facile.
Quand j’entends que ce n’est pas la fin du monde, que les enfants s’en remettent, je ne peux pas m’empêcher d’avoir un petit pincement. Parce que quand ça se passe d’une façon catastrophique comme dans le cas de mes parents, non, l’enfant ne s’en remet pas toujours. Je vis bien, je suis heureuse; mais au fond de moi, il y aura toujours ce petit vide qu’ils ont créé.
Avez-vous vécu la séparation de vos parents? Comment cela s’est-il passé?