Deuxième grossesse, première échographie. On nous annonce que ce sera un garçon! Tout de suite, nous nous réjouissons, nous achetons des petits pyjamas bleus, nous réfléchissons au choix de son prénom. La deuxième échographie arrive, on nous confirme le verdict : un beau bébé garçon en santé! Nous nous lançons dans la décoration de la chambre!
Puis, le grand jour arrive : les contractions, la douleur, les poussées. Il vient au monde avec tous ses morceaux, même celui spécifique aux garçons. C’est parti pour une belle vie mon petit homme! Puis, le temps passe.
La première fois que ton garçon se déguise en fille, c’est mignon, c’est cocasse. « Prenons vite une photo en souvenir! » Mettons le tout sur Facebook, pourquoi pas? Puis, vient la deuxième fois, puis la troisième, puis la vingtième et, le geste anodin isolé trop mignon se transforme petit à petit en une phase. Alors que son grand frère s’est toujours intéressé aux choses « dites de garçons », aux voitures, aux tracteurs, aux pirates, aux ninjas, voilà que celui-là fait une fixation sur les princesses. Nous nous voyons alors dans l’obligation de s’équiper en jouets prévus pour les filles : après tout, qui sommes-nous pour décider avec quoi il a le droit, ou pas, d’aimer jouer?
Avec le temps, la phase s’étire, perdure, prend de l’importance. Et voilà qu’un soir, du haut de ses 3 ans, il me pose une question, LA question qui sèmera un doute dans mon cœur de mère : « Maman, est-ce que quand je serai grand je pourrai être une fille? »
ALERTE : question importante maman. Je dois formuler une réponse à la hauteur, quelque chose qui respecte tous les livres de psychologie de la petite enfance que j’ai derrière la cravate. Mais pourquoi, bordel, parmi tous les livres, les chroniques, les articles, les blogues que j’ai consultés jusqu’ici (et ils sont nombreux croyez-moi), pourquoi CE sujet précis n’a jamais été abordé? Je peux répondre à des milliers de questions, du genre, « Comment on fait les bébés? », « Est-ce que tout le monde va mourir un jour? », « Est-ce que tu aimes plus mon frère que moi? », mais ÇA, j’avoue n’avoir rien lu de précis là-dessus.
PANIQUE. Ok, je respire, je me sers de ma tête, j’écoute mon cœur et je me lance : « Tu sais, peu importe qui tu seras, moi, je t’aimerai toi, Lilou Gauthier. » Awn! Quelle belle réponse dont même Freud serait fier!
Et mon bonhomme se retourne et de me regarde en s’offusquant : « Mais, tu sais maman, je ne m’appellerai plus Lilou…» Ouch! C’est exactement à ce moment que j’ai compris que nous avions probablement surpassé la « phase » et où j’ai commencé à me poser la question : et si mon garçon n’était pas tout à fait un garçon?
Et vous, vous est-il déjà arrivé de vous questionner sur l’identité de genre de votre enfant?