En février dernier, je philosophais chialais sur le fait que le terrain semblait toujours plus vert à côté. En gros, je disais que j’aurais préféré recevoir mon suivi prénatal au Québec parce que j’avais l’impression que j’y serais mieux servie. Je vous le dis tout de suite : J’AI TENTÉ LE DIABLE ET DÉFIÉ LE DESTIN, pis j’en paie le prix.
Ce prix, c’est un abonnement quasi quotidien à l’hôpital. J’y suis tout le temps. Et jamais pour le même problème, non, ça serait trop facile. Toujours pour un petit quelque chose de différent, mais le genre de petits quelque chose qui vous handicape une grossesse jusqu’à 40 semaines fermes.
Je l’ai admis. Je n’aime pas être enceinte. Disons que cet abonnement ne m’aide pas à accepter mon sort.
En plus, c’est un abonnement privilège membre plus. J’ai toujours droit à une belle chambre où je passe généralement plus d’une nuit. Mes repas sont inclus. J’ai de l’eau glacée à volonté. On m’apporte des doudous chaudes. Les infirmières passent me voir toutes les heures, m’appellent par mon prénom et connaissent tout de ma vie. Si je pleure, elles me consolent parce que ma famille est loin. Si mon chum ne peut pas être présent à cause du travail, elles sont encore plus attentionnées, parce qu’elles savent que personne d’autre ne viendra à mon chevet. L’équipe médicale compte cinq gynécologues, mais j’ai mon préféré. Il porte le nom d’un des personnages de la série ER – pis, il lui ressemble physiquement –, mais ce n’est pas celui joué par Georges Clooney. C’est pas grave, quand je suis sur le DILAUDID j’ai l’impression que ma vie se déroule dans une série télé.
J’ai aussi eu une opération. Dans un autre hôpital. Le chirurgien et l’anesthésiste portaient des chapeaux COMME Mc Dreamy dans Grey’s anatomy. Si ce n’est pas de l’abonnement privilège membre plus, je ne sais pas ce que c’est.
(Insérer ici bruit de criquets).
Oh! C’est de l’ironie, hein? Vous aviez compris j’espère. Heureusement, mon moral est bon. Je n’ai pas scoré fort au test sur la dépression prénatale. Reste que je suis à bout. En fait, j’ai l’impression que le sort s’acharne littéralement sur moi.
Et j’entends déjà ce refrain angélique qui sortira de votre bouche d’ici 42 secondes :
« MAIS COMMENT VA TON BÉBÉ ? »
Ah lui, très bien! Il pirouette-cacahouète, n’a que faire des calmants, fait fonctionner son petit cœur à vitesse grand V et a élu domicile au creux de mon placenta qui lui, se trouve sur le côté droit de mon utérus. Ce qui a entraîné la fameuse opération.
« OUF, OK, MAIS SI TON BÉBÉ EST EN SANTÉ, TOUT VA BIEN ».
De grâce, de grâce, vous personnes qui me voulez du bien : CESSEZ de me dire cette phrase. Ça ne m’aide pas. Au contraire, j’ai juste un petit peu plus d’agressivité qui monte en moi. Ben oui, mon bébé va bien. C’est-tu pas assez beau, les oiseaux chantent, le ciel est bleu?
D’ici à ce que je puisse prendre ce chérubin dans mes bras et lui faire payer tout ça à coups de discipline parentale – vous avez compris ici que j’utilise encore une fois l’ironie –, j’ai un rendez-vous par semaine avec un médecin spécialiste, jamais la même spécialité, hein, parce que sinon ça ne serait pas assez « spécial ».
De votre côté, avez-vous eu une grossesse privilège membre plus? Étiez-vous à bout?