En me lançant dans l’aventure de l’adoption, il y a deux ans, j’étais loin de me douter des montagnes russes d’émotions que j’allais devoir affronter. J’m’étais dit qu’une grossesse extra corporelle, ça devrait être facile à gérer, que j’aurais pas les hormones de p’tite mère dans le prélart. Mais non, j’ai plus pleuré à cette grossesse-ci (qui n’en est pas une) qu’aux deux autres faites dans les règles de l’art.
Faut dire que notre processus à nous a été étiré par notre situation particulière, dite plus instable pour les centres jeunesse. Des fois, c’est dur à comprendre pour ma p’tite tête puisque mes deux autres enfants sont arrivés dans le même contexte (soit celui d’un papa aux études et d’un possible déménagement) mais eux, ils étaient bios, je n’ai eu besoin de la permission de personne pour les avoir. Je sais que la décision est prise pour le bien de l’enfant et j’ai beaucoup de respect pour ça. Mais c’est juste que des fois, mon cœur ne le catche pas. Il faut que je lui explique souvent.
Ça fait que mon cœur, lui, porte un enfant depuis deux ans. Depuis que notre nom est sur une feuille quelque part qui dit qu’on veut adopter pis qu’on est du bon monde, juste pas dans le bon contexte pour l’instant. Je réalise qu’un cœur qui porte c’est pareil qu’un corps qui porte. C’est juste plus dur à expliquer. Je ne suis pas une sainte, je ne suis qu’une maman qui attend son enfant. Même si physiquement personne n’y voit rien. J’ai la même fragilité, la même sensibilité. La même excitation et les mêmes peurs. Mais sans la même sollicitude, la même compréhension. Faut croire que ça fait partie de la game pis c’est correct, je m’y fais.
Y’a des bonnes journées d’attente sereine pis y’a les jours où je trouve le temps long.
Mon mari a fini l’école dernièrement. Il ne reste que le test du registre national avant d’espérer l’embauche. Nous devrons, fort probablement, déménager. Faute de placement dans notre coin. Ce qui veut dire aussi transférer notre dossier de centre jeunesse. Ce qui veut dire aussi, repousser encore le GO.
Aujourd’hui est un jour que je trouve long. Demain sera un jour meilleur. Je sais que le jeu en vaut la chandelle. Qui aurait cru que cette grossesse (qui n’en est pas une) serait la plus difficile?
Avez-vous aussi dû attendre pour avoir un enfant que vous désiriez tellement?