Quand je suis tombée enceinte, je me souviens d’avoir pensé : « Tu sais que la vie est belle avec toi quand, en février, tu vas voir naître ton premier enfant et qu’en juin tu maries l’homme de ta vie. 2015, je t’aime déjà! » Toutefois, j’étais loin de me douter que cette année allait être également la pire de toute ma vie.
Janvier 2015 – 38 semaines
Je suis énorme. J’ai de la difficulté à marcher tellement j’ai mal à ma symphyse pubienne. Malgré la peur qui me tenaille, j’ai hâte d’accoucher pour me libérer de ce poids et de cette douleur. Bonheur! Je perds enfin mes eaux. Direction l’hôpital. Mon accouchement se passe relativement bien malgré la fatigue, la douleur et l’absence de plaisir. Par un froid matin de janvier, après 18 h de travail, sous pitocin, notre fille est née.
De retour à la maison, je commence à reconnaître les douleurs liées à ma symphyse pubienne. En plus de souffrir à cause de mes points de suture (allô belle fille de 8,9 lb qui a laissé sa trace), j’éprouve de plus en plus de difficultés à marcher seule. Misère…
Incapable de tolérer la douleur plus longtemps, je donne deux choix à ma famille : soit ils m’amènent à l’hôpital, soit ils me coupent les jambes. Rien de moins. Après des heures d’attente, le verdict tombe : diastasis de la symphyse pubienne – 9 mm. Incapable de marcher, il est hors de question pour les médecins de me laisser quitter l’urgence. Cauchemar! Ma fille, qui est allaitée, n’a que dix jours. Incapable de demeurer seule, mon chum reste avec moi pendant qu’on regarde notre fille partir avec sa mamie. Même si je sais qu’elle ne manquera pas d’amour et de soins durant la nuit, entourée de sa mamie et de sa marraine, le cœur se déchire en deux.
Je finis par avoir mon congé le lendemain en fin de journée en plus d’avoir perdu l’usage de mes jambes pour un temps indéterminé. Le seul remède possible : le temps. Celui que je n’ai pas.
- Deux mois à garder le lit incapable de marcher, de me tenir debout.
- Deux mois à me déplacer avec une chaise d’ordinateur roulante, restreinte au deuxième étage.
- Trois mois à faire de la physiothérapie, de l’ostéopathie et de l’acupuncture à domicile. Allô le trou dans le budget qui n’est pas prévu.
- Trois mois à toujours dépendre de quelqu’un et être incapable de consoler ma fille debout.
- Trois mois à être incapable de m’épanouir en tant que maman.
- Trois mois à monopoliser le temps et l’énergie de mon entourage.
- Trois mois à essayer de garder le moral malgré tout.
Pour survivre psychologiquement, l’allaitement m’est primordial. Je me sens utile. Je me sens être une mère.
Mon objectif : marcher avant que mon chum retourne travailler. Il augmente son congé parental de trois semaines avant que je réalise mon objectif.
25 mars 2015
Victoire! Ma première marche dehors avec ma fille. Je ne peux toujours pas la prendre dans mes bras debout, mais tranquillement je vois la lumière au bout du tunnel.
Crédit : Claude Lacasse
25 avril 2015
Jour de fête! C’est mon shower de mariage. Je visualisais cette journée depuis longtemps : être autonome, marcher et avoir du plaisir. En sortant de la douche, je reçois un appel de l’hôpital. Il est 9 h. Je dois me faire hospitaliser sur le champ, j’ai une bactérie dans le sang qui attaque mon cœur. Découragée, je pleure au désespoir de mon post-partum apocalyptique interminable.
Au revoir journée de rêve, bonjour année de malheur.
Gardez-vous un beau souvenir de votre post-partum?