Depuis deux ans, je suis femme à la maison. Au départ, ce choix faisait tellement de sens pour moi. J’avais envie de me recentrer sur « nous », de prendre soin de la famille, d’être dévouée et disponible pour eux. D’arrêter de courir partout, tout le temps. C’était mon choix, un privilège même, celui de m’investir à 100 % pour ma famille. Pour une fois dans ma vie, je sentais que je faisais vraiment la bonne chose au bon moment, j’étais rassurée et comblée. Une apaisante certitude.
Mais récemment, je me suis sentie impatiente, à bout, déprimée un peu (mais pas trop quand même, ne vous inquiétez pas). Et là, la grande question est survenue : coudonc, suis-je autre chose qu’une mère? Est-ce que je me suis perdue quelque part en chemin?
Pour vivre agréablement ma maternité, j’ai coupé de ma vie plusieurs envies créatives, sportives, sociales, professionnelles. Un peu parce qu’on n’a pas vraiment le choix en devenant parent de mettre temporairement certaines choses de côté, mais un peu aussi parce qu’ainsi, on risque moins d’être frustrée tout le temps. Même un principe du bouddhisme le dit, mais avec des beaux mots : aucune paix n’est possible tant que le désir nous assaille continuellement.
Je pensais à ça l’autre jour en faisant semblant de méditer. Je me suis investie à 100 % dans ma maternité et sincèrement, ça m’a vraiment beaucoup aidée à profiter du moment présent. Mais au fur et à mesure, je suis devenue cette mère-là, celle qui n’appartient qu’aux autres. J’ai tout donné et je ne regrette absolument rien. Par contre, là, au bout de deux ans, je le ressens, ce vide intérieur et ce n’est pas exactement le Nirvana.
Mais qui suis-je? Où vais-je? Toutes ces questions existentielles…
Coudonc, c’est-tu ça, la crise de la trentaine?
Tout se passe dans la trentaine. Les enfants, la carrière (qu’on a souvent choisie à l’âge de 17 ans), l’achat d’une première maison. On veut s’installer, fonder une famille, mais on veut encore voyager, profiter de notre jeunesse, de notre corps. On veut se prouver des choses en tant que professionnelle, maman, femme, féministe, amante. Méchant mandat!
Ce n’est pas que je freak de vieillir. Je trouve même que c’est une chance et un privilège de se réveiller chaque matin. C’est plutôt que je ne sais plus trop où me garrocher dans la vie. Qu’est-ce que j’aime, qu’est-ce que j’ai envie de faire maintenant qu’on est devenus « ensemble », maintenant que je suis un tout? Comment arriver à profiter de la maternité en retrouvant des désirs, des envies, des projets personnels, tout en assurant la sécurité, les besoins et le bonheur de tous? Et je le sais, je suis privilégiée juste de pouvoir me poser la question.
En tout cas, je retourne au travail dans quelques semaines et je ressens un mélange de joie et de déception. Comme un retour à la case départ. Coudonc, est-ce que je vais finir, un jour, par savoir ce que je vais faire de ma vie?
Comment arrivez-vous à être autre chose qu’un parent?