Je commence par brosser le portrait général de ma situation : depuis que j’ai rencontré mon conjoint, nous avons déménagé de continents…cinq fois (and still counting). Rajoutez à cela trois grossesses, une fausse-couche, deux bébés, vivre sur un continent différent que les grands-parents ou la famille de nos petits, avoir un conjoint qui passe cinq à six mois par année à l’étranger et posez-moi par la suite la question qui tue : « toi, tu fais quoi dans la vie? »
J’ai fait un peu de tout au gré de nos déménagements. On and Off dans les dernières années, j’ai aussi eu beaucoup de moments à la maison, à m’occuper des enfants. Plein de circonstances m’ont fait pencher, par périodes, pour le rôle de maman à la maison : les nombreux déménagements, la première année après leurs naissances, les moments d’attente pour les visas de travail lorsque l’on change de pays, les latences en arrivant dans une nouvelle ville et en étant en recherche de boulot… Et puis des fois, je n’avais juste pas envie de chercher un nouveau projet professionnel pour le laisser 6 mois plus tard, sachant que nous allions repartir pour un nouvel endroit.
Au vu de ces expériences, je n’ai franchement pas (mais alors pas du tout) l’impression que rester à la maison par choix, ce soit socialement vu comme une bonne chose.
À chaque fois que j’ai eu des moments où être mère au foyer semblait la chose la plus logique pour notre famille, j’ai eu beaucoup de jugements, de petits commentaires.
Je ne vis pas toujours très bien avec la situation. J’ai l’impression que la société considère que je suis active et utile seulement lorsque je bosse à temps plein. J’ai l’impression que ça s’est un peu perdu, en tout cas au Québec et en France, la reconnaissance de l’utilité d’un parent présent physiquement pour ses bouts de choux du matin au soir (pis la nuit aussi, tant qu’à y être!).
Déjà, quand j’arrive dans une nouvelle ville, ce n’est pas facile de les faire garder sans connaître personne pour aller faire du métro-boulot-dodo, avec un conjoint extra pris par son travail.
J’ai toujours l’impression d’avoir à justifier, même à nos proches (sauf dans notre industrie) que c’est pas simple, un quotidien familial comme le nôtre. J’ai un cadre de vie vraiment hors norme, mais on attend de moi que je me moule dans un mode de vie standard d’adulte active professionnellement à temps plein pis que ça marche.
Aussi, ce n’est pas parce qu’on a maintenant le choix en 2016 (et heureusement) d’être mère ET d’avoir une carrière professionnelle florissante qu’on est nécessairement OBLIGÉES de concilier les deux. D’ailleurs ma collègue Katia a écrit là-dessus récemment et ses mots sont magnifiques et tellement pertinents. Allez y jeter un coup d’œil ici.
J’aimerais vraiment ça, être capable de tout concilier. Mais en ce moment, ça ne fonctionne pas. Pourquoi ne pas profiter de cette situation pour ÊTRE LÀ, pour voir grandir mes enfants et les aider à se faire des bases solides pendant qu’elles sont toutes petites et que je le peux? Mon apport est-il vain parce que non rémunéré? J’ose espérer que non.
Et vous, vous vous sentez jugé(e) d’être à la maison?