Mère indigne? Moi? Non! En effet, je suis impatiente, pointilleuse, fatiguée de temps à autre, oui c’est vrai. J’ai de nombreux défauts, mais je suis loin d’être indigne. Je refuse de m’associer à cette expression qu’on emploie bien trop souvent à mon goût et pour les mauvaises raisons.
Je prends mon rôle au sérieux en donnant tous les jours le meilleur de moi, mais oui, il m’arrive de me tromper, de rater mon coup. Si un soir il me faut un petit verre de vin pour être plus zen et avoir assez de patience avec mes enfants bien je le bois. Si, pour une fois, je n’ai pas envie de cuisiner la belle recette avec les légumes et tout le kit, je leur fais un grilled cheese. Si donner le meilleur de moi est de sauter le bain pour un soir et bien je suis game! Et tout ça sans remord!
La culpabilité liée à ce besoin d’être toujours parfaite ne m’a rien apporté de bon jusqu’à présent et je l’ai rapidement écartée de ma vie. La dernière fois que j’ai vraiment culpabilisé, c’était à la naissance de mon premier enfant. Ce sentiment a scrappé mes premiers jours en tant que maman. Vous savez pourquoi? Je n’ai pas allaité. Scandale! Malheureusement, les infirmières ont réussi à me faire feeler assez cheap. « Oui allo, la mauvaise mère, c’est moi! » Pourtant, avec du recul, j’étais bien plus heureuse de partager les boires avec mon chum. J’ai réalisé que d’assumer mes actions était la chose à faire pour être une bonne mère, justement.
Il se peut que ça déplaise à certains si je donne une slush remplie de sucre à ma fille de deux ans. Mais au fond, ça dérange qui?
Je me souviens quand ma mère n’était pas à la maison et que mon père nous préparait le dîner. Une saucisse hot dog crue entre deux tranches de pain. Ça semble « indigne », mais j’en garde un excellent souvenir, car c’était évident que mon père avait donné son 110 %. Il était assez fier de lui, il avait probablement fait de son mieux. Et c’est ça la recette gagnante : donner le meilleur de soi. Et en plus, à huit ans, je trouvais ça assez festif, des saucisses dans du pain!
Malgré les coins ronds que j’aurais pu tourner dans ma vie de maman, je suis certaine, mes enfants sont heureux. Ils voient énormément de positif au travers mon lâcher-prise. En me permettant d’être « moyenne » certaines journées, ils savent qu’ils ont le droit, eux aussi, à l’erreur. Et s’il y a quelque chose que je mérite dans la vie, et que NOUS méritons, c’est d’avoir le privilège d’être maman. Et ça, personne ne m’enlèvera cette certitude. Je n’en douterai jamais. Je suis convaincue d’être une bonne mère.
Bien-sûr, il existe malheureusement des mauvaises mères, mais des mères qu’on dit « indignes » pour une saucisse crue ou une slush remplie de sucre, ça, c’est comme les fantômes, je refuse d’y croire!