Après 36 heures de contractions et au vu de l’épuisement de ma copine, notre sage-femme nous a conseillé d’aller à l’hôpital. Une fois arrivés, on nous a accueillis comme si les contractions venaient de débuter. Après avoir fait un examen du col, les médecins ont constaté que ce dernier n’était pas assez dilaté pour que l’on nous assigne une chambre. On nous a donc renvoyés à la maison, avec deux Ativans. J’avais l’impression qu’on nous abandonnait une seconde fois.
Les comprimés n’ont pas eu l’effet que nous espérions puisqu’ils ne sont pas faits pour réduire la douleur. Ma conjointe n’a donc pas eu le repos nécessaire pour recharger ses batteries. Les contractions continuaient et la douleur s’amplifiait. Nous sommes retournés à l’hôpital en soirée, mais la réponse fut identique : aucune admission n’était possible. Le sentiment d’être livrés à nous-mêmes était devenu presque habituel. On nous a donc renvoyés une nouvelle fois chez nous après une injection d’antidouleur grâce à laquelle ma blonde a pu trouver un peu de sommeil.
La troisième journée ressemblait aux précédentes : contractions douloureuses et rapprochées. La fatigue nous gagnait et mon impuissance devant sa douleur devenait insoutenable. Pourtant, elle continuait de m’impressionner en gérant les contractions comme une pro.
Une fois la nuit installée, ma copine n’avait plus d’endurance, elle voulait juste que la douleur cesse. Je ne voyais pas comment la soulager autrement qu’en lui suggérant le sédatif à nouveau. Je me sentais si impuissant! Elle me semblait tellement fatiguée. Dans la nuit, nous sommes retournés à l’hôpital pour la troisième fois. Je craignais que le scénario se répète, comme dans le film Un jour sans fin.
Cette fois, par chance, le médecin de garde était celui qui avait fait nos suivis de grossesse. Celui-ci était au courant de notre intention d’accoucher à la maison et il était un des rares à ne pas avoir porté de jugement sur nos choix. D’ailleurs, il savait que nous n’étions pas là sans motif. Il a gardé ma copine en observation et lui a offert une nouvelle dose d’antidouleur. Ce fut sûrement bénéfique, car, au matin, le col avait légèrement dilaté, assez pour avoir une chambre. Quel soulagement! Nous étions près de LA rencontre.
La journée ne fut pas de tout repos, mais le travail avançait plus rapidement. En soirée, toutefois, l’épidurale fut nécessaire. J’étais heureux que les douleurs diminuent. Son visage s’était soudainement détendu, comme si elle avait finalement eu une pause. (Off the record, j’ai failli perdre connaissance en voyant le cathéter dans le dos de ma blonde.)
Finalement, il y a une fin à cette longue histoire (ou un début, c’est selon). Au total, ma blonde a fait 105 heures de travail. Le moment de la poussée m’aura impressionné plus que tout. Je n’arrive toujours pas à savoir d’où est venue l’énergie déployée pour expulser ces 7 livres et demi de vie. Je l’ai déjà dit auparavant, mais #MaBlondeEstPlusForteQueTonPère. J’ai rarement senti autant de fébrilité qu’en voyant les cheveux de mon enfant apparaître.
Dans les dernières poussées, l’infirmière a dit à ma copine de descendre ses mains pour venir chercher Lou, les pieds encore bien au chaud. Ses premiers cris m’ont fait craquer. Toutes les émotions accumulées, les quatre nuits blanches sur cinq, la réalisation que nous sommes maintenant responsable d’un humain, tout ça m’est rentré dedans comme un train. J’ai dû pleurer comme un veau pendant une dizaine de minutes en contemplant, à travers le flou de mes yeux trempés, le petit miracle qui venait de se produire. Y repenser me donne de l’humidité en arrière des lunettes.