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Garde partagée : 14 jours de bonheur par mois
Crédit: stefanos papachristou/Flickr

J’étais malheureuse. Depuis presque la moitié de ma vie, j’étais en couple avec un manipulateur qui me trompait à tour de bras et qui, clairement, n’avait aucun respect pour moi. J’ai pris mon courage à deux mains et je suis partie.

« Tu mérites d’être heureuse »

Tout le monde me le dit. Mais savez-vous quoi? Je ne le suis pas. Heureuse. Oui, c’est vrai, je me suis sortie d’une relation malsaine. Oui, c’est vrai, la femme en moi est heureuse de voir qu’il existe beaucoup mieux, qu’il est possible qu’un homme m’aime assez pour m’être fidèle, me désire, ne me tienne pas pour acquise. 

Mais la maman en moi, elle, elle n’y arrive pas du tout. Être séparée de mon enfant une semaine sur deux est en train de me tuer à petit feu. À grand coup de nuits blanches à pleurer et de journée au travail sans être capable de se concentrer, la maman en moi regrette.

Je regrette de m’être séparée.

J’étais malheureuse en couple. Mais je suis encore plus malheureuse loin de mon enfant. J’en suis venue à la conclusion que j’aurais dû rester. Parce que si je dois choisir entre la femme et la maman, pour moi, le choix est simple. De toute façon, la maman prend toute la place. Elle la prenait quand j’étais encore en couple avec le père de mon enfant. Maintenant qu’elle ne peut s’accomplir qu’une semaine sur deux, elle prend encore plus de place.

La maman en moi, elle est là, à la surface, tout le temps. Elle pleure pour toutes les choses qu’elle manque. Elle pleure de ne pas être présente tous les soirs au souper pour entendre parler des amis de l’école. Elle pleure ne pas peigner des petits cheveux blonds tous les matins. Elle hurle de ne pas embrasser un p’tit cou tous les soirs avant le dodo.

La femme en moi aimerait bien que la maman décroche un peu des fois. Elle aimerait qu’elle pense à elle un peu, qu’elle essaye de profiter de la semaine seule pour sortir, aller faire du yoga, magasiner, relaxer.  Mais c’est mission impossible. Parce que pendant que la femme en moi médite, la maman en moi pense juste à son enfant. Tout le temps. Se demande ce qu’il fait. S’il s’ennuie. S’il a pris son bain déjà. S’il dort bien.

Alors je me morfonds une semaine sur deux. Je suis incomplète une semaine sur deux. J’ai l’impression que je ne serai plus jamais heureuse. C’est terminé pour moi le bonheur. J’aurai droit seulement à 14 jours par mois. Le reste du temps, je serai condamnée à faire semblant. Tu pensais que tu valais mieux que ça : b’en voilà. Est-ce que c’est mieux maintenant?

NDLR: personne ne mérite, en aucun cas, de vivre une situation de violence. Si vous vous trouvez dans la même situation que l’auteur de ce texte, nous vous supplions d’appeler à ce numéro pour vous sortir du cercle de la violence. Il est important de chercher de l’aide psychologique. Une bonne première piste est de contacter CLSC par téléphone ou en se rendant sur place, et de demander de l’aide psychosociale. Nous sommes plusieurs parents ayant vécu de la violence alors qu’ils étaient enfants parce que l’un de nos propres parents restait dans une situation toxique et, en leur nom, nous affirmons que rien ne peut justifier d’avoir à endurer une pareille situation.

 

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