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Grattements intenses et angoisse : mon troisième trimestre avec la cholestase gravidique
Crédit: Refat/Shutterstock

Si vous avez des démangeaisons incessantes pendant votre grossesse, parlez-en à votre médecin.

Jusqu’à cinq mois de grossesse, outre la fatigue et les fringales incessantes, je n’avais pas vraiment modifié mes habitudes. Métro, beaucoup de boulot et dodo résumaient mon quotidien. À ma 31e semaine, j’ai passé une nuit complète à faire de l’insomnie et me gratter les jambes. C’était en plein hiver. Peut-être la sécheresse de l’appartement? Le stress? Mes produits d’hygiène?

Puis une seconde nuit blanche. J’appliquais soigneusement de la crème, mais tout mon corps me piquait sans arrêt. Les démangeaisons nocturnes étaient particulièrement intenses. En me rendant à une fête de famille le lendemain, je n’ai cessé de me gratter les paumes. Je taisais mes inquiétudes, mais j’avais l’impression d’avoir les mains en feu.

 

Comme Liz Sherman.
Crédit : Giphy

 
Et une troisième nuit sans sommeil à me gratter les jambes jusqu’au sang. Mon copain a bien vu que ma santé mentale allait y passer. Nous avons fait l’impensable : une recherche Google. Des sites indiquaient des risques de mort fœtale à terme. « Non voyons, impossible! » Avant cet épisode, je faisais quasiment un déni de grossesse tellement tout allait bien.
 
« Je n’en peux plus, aidez-moi! »
J’ai contacté mon accompagnante à la naissance qui me suggérait de consulter. En lui parlant, j’utilisais la fermeture éclair en métal de mon manteau pour me gratter frénétiquement les paumes déjà striées. 
 
En route, aucune clinique n’avait de place disponible. J’ai appelé l’équipe du centre des naissances de mon hôpital pour les supplier de m’aider. En leur décrivant mes symptômes au téléphone, les infirmières m’ont demandé de m’y rendre rapidement, qu’elles allaient m’accueillir. Elles consultaient mon dossier à l’instant et me feraient des tests à mon arrivée. Après tant d’angoisse et aucun répit, des larmes d’espoir coulaient sur mes joues. Je ne savais pas qu’elles suspectaient déjà une cholestase gravidique.
 
À la suite des procédures d’usage et des prises de sang pour confirmer la maladie, les médecins m’ont expliqué le diagnostic envisagé et les risques pour le bébé à naître. Dans le brouillard du manque de sommeil, je voulais seulement faire cesser les grattements et dormir de nouveau. « Pouvez-vous faire quelque chose? » J’étais sur le bord de la crise de nerfs, complètement épuisée. Des risques? Je ne comprenais pas. J’avais seulement des démangeaisons. Étais-je dans un cauchemar? En fait, ça ne faisait que commencer. 
 
Qu’est-ce que la cholestase intrahépatique de grossesse? (attention, je ne suis pas médecin)
La cholestase gravidique survient généralement pendant le deuxième ou troisième trimestre de grossesse. Elle se manifeste par un prurit généralisé et une augmentation des transaminases et des acides biliaires. 
 
La gravité de la maladie vient de la possibilité de complications fœtales, notamment une prématurité (et des complications pulmonaires) ou un décès in utero, plus rarement.
 
Le traitement par l’acide ursodésoxycholique diminue les démangeaisons et la fréquence des complications. Dans les formes sévères, un accouchement déclenché entre 37 et 38 semaines d’aménorrhée peut être nécessaire pour limiter les risques pour le fœtus. (Source : Serge Erlinger)

Les fameux NST
À partir de ce moment, j’ai été suivie en GARE pour assurer la santé du fœtus. Dans mon cas, ç’a été le début de l’inquiétude permanente et des NST (signifiant ironiquement Non-stress test) deux fois par semaine.
 
Pour plusieurs femmes enceintes que j’ai croisées, ces tests de réactivité fœtale sont une simple formalité. Dans mon cas, je m’y rendais la peur au ventre. Calculer les moindres mouvements chaque jour et se demander avant les suivis si son bébé est toujours vivant, c’est le pire des sentiments. Je tentais par tous les moyens de faire accélérer le pouls du fœtus pour qu’il passe le test et que l’infirmière n’ait pas à utiliser le buzzer pour encourager ses accélérations cardiaques. Je ressortais de l’hôpital le cœur en lambeaux.
 
Le médicament qui m’a été prescrit a aussi diminué le prurit sans l’arrêter complètement. J’ai continué à me gratter et j’ai peu dormi dans les semaines suivantes. Accepter le revirement de situation et la médicalisation soudaine de ma grossesse a été ardu.
 
Au travail et à la maison, chaque coup de pied de bébé dans mon ventre était un signe de vie. Puis, à 36,5 semaines de grossesse, la décision fut prise de nous libérer toutes les deux de cette maladie. L’accouchement allait être provoqué. Enfin.

 Happy dance!
Crédit : Giphy
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