L’échographie morphologique était le lendemain et nous n’avions pas encore pris notre décision finale. Nous avons longtemps jonglé avec les deux idées et, le soir avant l’écho, nous avons rassemblé nos arguments pour les deux camps. Ce texte ne veut donc aucunement shamer celles et ceux qui ont choisi « l’autre option », mais veut simplement présenter le processus mental qui nous a conduit à notre propre réponse. Connaître ou ne pas connaître le sexe de bébé à venir?
Dans la catégorie « savoir »
Nous avons un autre enfant à la maison. Nous pensions que lui apprendre quel était le sexe du bébé à venir rendrait l’expérience plus concrète pour lui qu’une simple maman fatiguée avec une énorme grosse bedaine.
Notre attachement. Pour le premier enfant, nous avions tout le temps du monde pour lire sur le sujet, se préparer, rêver au moment où l’enfant naîtrait. Pour le second, avec le travail à temps plein, la fatigue et le petit de 4 ans qui déborde d’énergie, notre engagement dans cette maternité semble plus précaire. Ni mon conjoint ni moi prenons le temps de parler au fœtus comme nous le faisions pour le premier. Je suis enceinte de 5 mois et je n’ai pas encore mis des écouteurs sur mon bedon, regardé ce qui nous manquait en termes de vêtements de bébé, pensé concrètement à un prénom, etc. Je cours à mes rendez-vous médicaux, au travail, à la garderie et le soir je suis si épuisée que je m’endors souvent en même temps que mon fils. Connaître le sexe de bébé à venir nous permettrait peut-être de se projeter davantage dans l’avenir pas si lointain qui nous attend. Et qui pour l’instant semble déjà nous échapper?
Finalement, la simple curiosité! Il est difficile lorsque des gens ont une information secrète que vous n’avez pas… de ne pas vouloir la connaître!
Dans la catégorie « garder ça inconnu »
L’échographie morphologique est d’abord et avant tout un examen médical servant à dépister anomalies et malformations qu’il faudrait suivre chez l’enfant à venir. En ce sens, je sentais que c’était un peu invasif que de connaître le sexe alors que ça n’a aucune fonction médicale réelle.
La socialisation de genre joue des tours aux parents même lorsqu’ils tentent de ne pas y souscrire. Les études en sociologie et psychologie le démontrent depuis longtemps : le genre des bébés se trouve bien souvent dans l’œil de celui qui le regarde (par exemple, on va associer les pleurs de bébés garçons à de la colère et ceux des filles à de la détresse). Pour nous, c’est vraiment important de tenter le plus longtemps possible de ne pas orienter la personnalité de notre enfant à venir en fonction de qualités supposément masculines ou féminines, seulement à cause de ce qui se trouve entre ses deux jambes. Une bonne façon de s’éloigner des stérotypes (il kicke fort, un vrai petit joueur de soccer!) est d’avoir cette donnée inconnue.
Cela nous a semblé évident. D’un côté nous avions des arguments pratiques immédiats pour connaître le sexe. De l’autre, bien que théoriques, des principes qui nous sont chers. Nous y avons donc été pour nos convictions, même si elles allaient un peu à l’encontre de la facilité.
Le jour venu, quand la technicienne m’a demandé : « voulez-vous connaître son sexe? », j’ai simplement répondu « non ». Et j’ai senti en le disant que c’était la bonne réponse pour nous et la vision que nous avons pour notre famille. Come as you are, bébé.
Quelles raisons vous ont poussé.e à connaître (ou pas) le sexe de votre petit.e?