« Sois forte ». Deux petits mots qui semblent inoffensifs, mais qui ne le sont pas quand on y réfléchit à deux fois.
Je l’ai tellement entendue cette phrase-là! Quand ma mamie est décédée. Quand ma sœur a été hospitalisée durant un trop long séjour. Par moi-même quand je me faisais intimider à l’adolescence. Cette phase, on se met souvent à la considérer comme un devoir. Comme si on ne pouvait pas se permettre de s’écrouler et de vivre cette douleur pour passer à autre chose.
Cette phrase-là, elle me rend malade. Elle a rendu malades des gens autour de moi. La vérité, c’est que l’expression « sois forte » ne véhicule pas un message positif. T’sais la femme forte qui neutralise ses émotions tout en continuant d’accomplir son quotidien. Et avec le sourire s’il vous plaît, sinon on se le fait dire!
Je dois dire que le principe de gestion des émotions me rend perplexe. Et ce, en grande partie parce que je suis quelqu’un qui pleure souvent. Si mes émotions (autant négatives que positives) ne se situent pas entre 3 et 7 sur une échelle de 10, je pleure. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est incontrôlable et plutôt frustrant. J’ai l’impression de perdre toute ma crédibilité.
J’ai tellement passé d’années à « être forte » comme le veulent les gens, que mon bien-être à moi est passé en dernier. Chacun.e a sa façon de gérer les événements qui lui sont présentés. Par exemple, j’ai vécu deux fausses couches avant que mon fils s’accroche. Certaines femmes ont un long processus de deuil et de rétablissement. D’autres, comme moi, sont des loques humaines durant 24 heures et après, c’est fini. Et il n’y pas une bonne et une mauvaise façon de gérer ça.
C’est pourquoi je ne dirai jamais cette phrase à qui que ce soit. Parce qu’être forte (ou être fort), c’est, au contraire, accepter de pleurer pour aller mieux. C’est demander de l’aide, peu importe sa forme, quand la situation prend l’avantage autant sur sa santé mentale que sur son physique. C’est discuter avec quelqu’un pour s’exprimer et se libérer. C’est s’isoler pendant quelque temps pour réfléchir, se reposer, aller chercher des réponses en soi-même… C’est sortir entre ami.e.s et rire pour ne pas oublier qu’on a le droit d’être heureux.euse.
Cela part d’une bonne intention, les gens voient cette expression comme un synonyme de « Courage ». Mais pour moi, non. Quand on y pense, ça sonne comme une sorte d’ordre et ça équivaut à dire qu’on n’a pas le droit d’être faible.
De façon plus générale, personne n’a le droit de dicter comment une personne devrait se sentir ni ce qu’elle devrait ressentir. Encore moins se permettre de diminuer la gravité d’une situation ou d’un sentiment. L’inverse est aussi bon. Demander à quelqu’un.e de sauter et crier parce qu’il ou elle a reçu une paire de bas à Noël, ça ne se fait pas. Si elle réagit ainsi, ça ne veut pas dire que la personne n’est pas contente. Ça veut simplement dire qu’elle le gère comme ça.
C’est tellement dommage d’avoir encore une autre pression sur les épaules, qu’il faille encore réagir selon les attentes des gens. Attentes qui ne font, en fait, que gâcher ou empirer l’état d’une personne.
Alors que dire à la place de « sois forte », me direz-vous? Pourquoi pas « Je suis là, je te soutiens… ». Les seules attentes valables envers quelqu’un.e qui vit une période difficile, ce sont de vouloir régulièrement recevoir de ses nouvelles. Pour lui montrer notre soutien et notre amour. That’s it!