Il y a 3 ans, je devenais mère. Je ne pouvais m’imaginer le choc qu’allait être la maternité. Passé le high d’hormones des premières semaines, je pense que j’ai navigué dans le noir pendant les six premiers mois. J’ai commencé à me sentir un peu à l’aise avec ma nouvelle vie après 18 mois, quand ma petite a commencé à mieux parler. Et j’ai vraiment fait la paix avec ma maternité après un peu plus de deux ans, suivant l’arrivée de mon deuxième enfant.
Si j’ai commencé à écrire, sur TPL Moms et sur mon blogue personnel, c’était parce que je ressentais le besoin urgent de mettre des mots sur mon expérience, dans l’espoir que cela m’aiderait à comprendre ce qui m’arrivait. Pourquoi me sentais-je aussi perdue? Et seule? L’écriture était pour moi un outil de compréhension de moi-même, une manière de me réapproprier mon expérience, et aussi un moyen de lutter contre un sentiment de solitude qui me tenaillait. Je pense souvent au fait que ce sont mes enfants qui m’ont amenée à l’écriture, et que c’est un cadeau merveilleux qu’ils m’ont fait.
Après trois ans, j’ai évidemment plus de recul par rapport à mon désarroi des débuts. Parmi les causes de mon choc, il y a en premier lieu le caractère « inimaginable » de la nouvelle vie dans laquelle j’entrais. Peut-on se préparer à devenir parent? Sérieux, je ne sais pas. Mon expérience me tend à vouloir répondre que non. C’est comme un switch existentiel, un changement de rapport au monde, qu’on peut tenter de décrire, d’imaginer, mais qu’on mesure uniquement, je crois, que lorsqu’on le vit. Avant d’accoucher de mon premier enfant, je me pensais prête à être mère, j’ai découvert que je ne l’étais pas du tout.
Avant de devenir parent, par exemple, je mesurais mal l’ampleur que le soin d’un bébé prend dans une vie. Je m’imaginais m’occuper d’un enfant, et par ailleurs, continuer ma vie (professionnelle, amoureuse, militante, de loisirs, etc.). Je me rendis vite compte que mes responsabilités parentales envahissaient pas mal toutes les autres sphères. J’étais tout le temps mère. Il n’y avait pas d’issues. Il y avait des petites pauses, ici et là, quand un.e ami.e se proposait de garder l’enfant, et qu’on réussissait à sortir manger au resto en amoureux (et même là! Nos téléphones n’étaient pas loin, disons). Mais jamais je ne pouvais me dire « fuck off, aujourd’hui je ne fais rien, je reste couchée, je binge watch une série en ne me nourrissant que de pop corn ». La maternité changeait radicalement ma vision et mon expérience de la liberté.
Ce n’est qu’un exemple. Parce que la liste des choses auxquelles je n’étais pas préparée est vraiment longue. Je n’aurais jamais pu m’imaginer à quel point la parentalité transformerait mon couple, ou bien que je trouverais mon quotidien de congé de maternité vraiment plate, ou encore que le soin d’un enfant est l’équivalent d’un travail à temps plein #ChargeMentale, ou que j’allais devoir apprendre à dealer avec le doute par rapport à tous mes choix de vie…
Mais je ne pouvais pas me douter, non plus, du genre d’amour que mes enfants allaient m’amener à vivre. Un amour envahissant, impérial, absolu. Une sorte de fièvre enivrante qui m’aveugle, me gave et m’emplit d’espoir. Je les aime furieusement, et jamais je n’aurais pu me douter à quel point cela me rendrait heureuse.
Croyez-vous que l’on puisse vraiment se préparer à devenir parent?