Quand la patience est passée chez moi, j’étais déjà partie parce qu’elle avait deux minutes de retard. Je n’ai aucune patience. Je hais les feux de circulation, le trafic et les files d’attente. Entendons-nous qu’attendre 9 mois pour rencontrer mon fils relevait du défi olympique. Je peux faire un 500 mètres relais, mais pas ça. Sauf que je n’ai pas eu le choix. J’ai attendu comme toutes les autres. Chaque nouvelle, révélée au compte-gouttes, devenait un supplice.
D’abord, le test de grossesse. « Je peux le passer quand? SIX JOURS! Six jours avant la date prévue de mes règles? C’est parce que j’aimerais que sa chambre soit prête avant de crever mes eaux! »
Puis, le premier rendez-vous pour le suivi de grossesse. Mis à part mille questions sur ma santé et celle de mon arbre généalogique entier, je n’ai rien appris. « On écoute pas le cœur, rien? » « Non, nous risquons de ne pas l’entendre et vous paniquerez pour rien. » Cette femme est devin! Nous nous sommes à peine croisées et elle sait déjà que je panique pour rien.
Il m’a fallu ensuite attendre 21 semaines l’échographie qui nous révélerait le sexe de notre bébé. Il y avait un trafic incroyable en s’y rendant et tous les feux de circulation viraient au rouge. En arrivant, pas plus rapide, il fallait s’enregistrer. C’était si long, j’ai dû me rendre à la cafétéria m’acheter un peu de patience.
Exactement 7 257 600 secondes plus tard, nous avions l’échographie qui nous donnerait une estimation du poids de notre bébé. Il faut dire que sur celle-là, j’ai été gâteé. À peine le chandail remonté que la technicienne me balançait déjà les statistiques. J’étais comblée!
J’ai finalement dû patienter le temps restant. J’ai compté les dodos comme une enfant qui commence la maternelle. J’ai biffé tous les jours sur le calendrier. J’ai décompté les semaines une à une. J’ai répondu poliment aux 367 textos quotidiens se voulant bienveillants, mais ô combien détestables. « Si quelqu’un me demande une fois de plus si j’ai accouché, je garroche mon cellulaire par la fenêtre. » J’avais mal au dos, je ne dormais plus, j’étais essoufflée à mettre mes bas. Je voulais que mon calvaire cesse, mais j’avais surtout tellement hâte de le voir.
Et le grand jour est arrivé. Je l’ai rencontré, enfin. J’ai réalisé comme toute cette attente en valait la peine. Que s’il avait fallu, j’aurais patienté des mois encore. Et j’ai compris qu’il faut du temps, beaucoup de temps, pour faire grandir autant d’amour.