Quand mon fils a changé de groupe à son CPE, on m’a vaguement informée qu’un nouvel enfant ferait aussi son entrée et qu’il avait des problèmes de comportement. Bof, je me suis dit. Ça arrive, et son éducatrice est hautement professionnelle. Je n’avais pas du tout à m’en inquiéter.
Mais quand mon fils est revenu de la garderie en nous disant que Robert (nom fictif, vous vous en doutez) tapait, poussait et mordait les amis, y compris lui, ma réaction de maman tigre a été plus intense. Non, mais c’est qui ce petit criss? Il n’a pas des parents pour l’éduquer? Qu’il touche à mon fils rien que pour voir!
Mais mon petit hamster intérieur a vite tourné dans sa roue et mon pragmatisme est revenu : si cet enfant, de tout près de 4 ans, exprime encore ses émotions et ses envies avec cette violence, c’est clairement qu’il a d’autres défis beaucoup plus grands. On est qui pour le juger et pour juger ses parents (collatéralement)?
J’ai questionné un peu notre éducatrice sur Robert. Je ne voulais pas de détails précis, je voulais juste savoir si mon intuition était bonne.
Et elle l’était.
Le pauvre coco n’avait pas eu un début de vie facile. Il était maintenant dans une famille aimante et de très bonne volonté, mais oui, du haut de ses même-pas-quatre-ans, il avait déjà un bagage lourd.
Mon cœur s’est serré.
Non, nous ne naissons vraiment pas tous égaux.
Alors on a ouvert la discussion à la maison avec mon fils. Oui, parfois, Robert pouvait présenter une menace à sa sécurité physique, mais il est comme ça parce qu’il n’arrive pas à exprimer ses besoins, ses émotions et ses envies. Ses réactions violentes ne sont pas une raison pour l’éviter et surtout, elles ne font pas de lui une mauvaise personne. Il faut rester sur ses gardes, bien sûr, mais tout de même jouer avec lui. Il faut être à son écoute et l’aider à dire ce qu’il veut. Nous avons aussi conseillé à notre fils de demander « pourquoi? » à Robert lorsqu’il fait un geste déplacé. Puis, oui, aller chercher son éducatrice pour qu’ils puissent en discuter ensemble.
Je me souviens du regard dubitatif de mon fils sur le coup. Puis un jour, il est rentré de la garderie, du sourire plein les yeux, et m’a dit : « Aujourd’hui j’ai joué avec Robert et il m’a même pas tapé! »