Le père du petit et moi avons toujours été une super équipe pour nous assurer que le petit ait confiance en lui-même. Pas à ne pas être timide, mais à reconnaître sa valeur comme personne. À savoir que le monde lui appartient, qu’il ne doit jamais s’excuser d’exister. Qu’il n’a pas à nous faire plaisir. Qu’il est « suffisant ». Qu’il a un filet de sécurité en nous ses parents et qu’il n’y a rien qu’il peut faire pour que l’on trahisse notre amour pour lui. Enfin, c’est ce qu’on pensait faire en lui disant toujours qu’on l’aimait, qu’il est super et qu’on le trouve merveilleux.
C’est donc avec beaucoup de surprise que pendant une petite partie de soccer improvisée juste entre lui et moi, je l’ai entendu nonchalamment dire « je suis vraiment pas bon maman », après avoir raté une seule fois le but. J’ai arrêté sec. Je me suis immédiatement mise en mode lionne : mon petit qui ne se trouvait « pas bon »?!? Ça prenait une intervention!
Accroupie à son niveau, j’ai pris son petit visage entre mes mains. Et je lui ai dit : « Mais mon bébé, tu es bon! Pourquoi dis-tu que tu n’es pas bon? Tu kickes bien, tu cours vite, tu es un bon joueur! Je ne veux pas que tu penses que tu n’es pas bon, jamais! » Je voyais ses petits yeux lentement se mouiller. Je ne comprenais pas, j’étais en train de lui dire qu’il était super et ça le rendait triste. Je me suis assise par terre avec lui. Et lui ai demandé ce qui se passait : « Qu’est-ce qui te fait de la peine dans ce que maman a dit, mon coco? »
Et là, avec ses petits mots d’enfant de 4 ans, il me dit : « Maman, j’ai le droit de pas toujours être bon. » BANG. Il avait mis en mots ce que je pouvais lui faire ressentir à toujours le louanger. Il étouffait de cette constante confiance en lui. Il n’avait pas de place pour ne pas réussir, ne pas décevoir. À force de lui dire qu’il était super, il sentait qu’il devait performer à cette échelle. Il se devait, pour qu’on ne change pas notre image de lui, d’être toujours « bon ».
Ma tête a fait un shift de 180 degrés, parce que mon fils avait raison. Il avait le droit de ne pas toujours être bon. S’assurer qu’il ait confiance en lui supposait aussi lui laisser toute grande la place pour accueillir les échecs, pour nommer les aspects où ne réussit pas si bien. D’être même médiocre à certaines activités pis que ce soit correct. Qu’on l’autorise à être nul, des fois. Et lui montrer l’exemple nous aussi, en n’étant pas toujours les meilleurs.
Alors on a fait la liste des choses dans lesquelles j’excellais et celles où j’étais vraiment moins douée. Il m’a dit que je racontais des superbes histoires, mais que pour être honnête, je ne dessinais vraiment pas si bien. On a fait de même avec son père. Même son bébé sœur. Et ensuite avec lui. Il était vraiment fier de dire qu’il était le meilleur pour bâtir des choses avec des Legos, mais qu’au soccer, il n’était pas super. Et que si ça lui tentait de devenir bon, il n’avait qu’à se pratiquer, mais que ça ne lui disait rien pour l’instant.
Je lui ai donné raison et demandé pardon. Tu vois mon coco, maman est pas toujours super bonne pour comprendre ce que tu ressens. Une chance qu’il prend le temps d’essayer de me l’expliquer.
Avez-vous appris à laisser place à l’échec chez vos enfants?