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Mon interruption de grossesse – Partie 1 : Le choc
Crédit: Daiga Ellaby/Unsplash

C’était ma première grossesse.

J’étais tombée enceinte facilement. Tout allait bien. Je n’avais pas de nausées, pas de fatigue. Pourtant, au fond de moi, il y avait une ombre. Comme un doute. Une crainte. Peut-être par intuition, peut-être par simple paranoïa. Reste que, par prudence, mon chum et moi avons décidé de garder le secret jusqu’au deuxième trimestre.

La première échographie a eu lieu à 12 semaines. Bébé gigotait à l’écran. Le cœur battait. La clarté nucale était normale. Je suis sortie de l’hôpital rassurée. C’était vrai. Nous allions avoir un bébé.

Mon médecin m’a appelée le lendemain. Le fait qu’elle fasse elle-même l’appel aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais non : pour moi, le stress était tombé la veille. Je ne m’attendais plus à ce que les choses dérapent. Sauf que l’échographie avait semblé montrer un kyste, une poche de liquide, à la place du cerveau. J’allais subir une échographie de niveau 2, plus détaillée, mais mon médecin m’a dit carrément qu’il ne s’agissait probablement pas d’une erreur. La tête vide, j’ai demandé dans combien de temps j’aurais rendez-vous pour l’échographie; elle m’a répondu que je recevrais un appel d’ici une semaine.

Sauf que 12 semaines, c’était trop tôt pour une échographie de niveau 2. Bébé était encore trop petit. L’hôpital a décidé d’attendre à 16 semaines. Et personne n’a jugé bon de m’aviser. Alors j’ai attendu. Une semaine. Puis une autre. J’ai fait des appels, mais personne ne semblait au courant de rien. J’angoissais, me demandant si quelqu’un, quelque part, s’occupait de mon dossier. J’étais au deuxième trimestre, celui que j’avais tant attendu, mais ça ne voulait plus rien dire. Mon ventre s’arrondissait, mes vêtements ne me faisaient plus, mais le gros nuage noir qui planait au-dessus de moi m’enlevait toute envie de parler de ma grossesse. Alors je n’ai rien dit.

Enfin, on m’a appelée pour fixer la date de la fameuse échographie. Nous nous sommes présentés le jour convenu, nerveux, hésitant entre l’espoir et la résignation. Mais dès que la technologue a commencé à prendre des images du cerveau, j’ai vu, même si je n’y connais rien. Parce que c’était évident : un cerveau, il n’y en avait pas. Ou très peu. Les ventricules étaient noirs sur l’écran. C’était du liquide. Partout.

Nous avons décidé d’interrompre la grossesse.

Avant, toutefois, nous avons rencontré une conseillère en génétique. Selon elle, la malformation avait été causée par un problème soit de chromosomes, soit de gènes. Elle penchait fortement pour la première option. Si elle avait raison, la malformation relèverait de la simple « malchance » et le risque d’anomalie lors d’une prochaine grossesse serait de 6 %. Pour un problème d’ordre génétique, le risque pouvait aller jusqu’à 25 %. Un sur quatre. C’était énorme, mais ce n’était pas l’hypothèse la plus plausible, alors nous l’avons mise de côté.

La conseillère nous a proposé de faire pratiquer sur bébé une autopsie qui révélerait l’origine du problème. L’autopsie permettrait d’examiner tant les chromosomes que les gènes, mais il faudrait compter des mois avant d’avoir les résultats. Comme elle était convaincue qu’il s’agissait d’une trisomie, elle nous a suggéré une amniocentèse, qui viserait uniquement les chromosomes, mais dont nous aurions les résultats en quelques jours. Nous nous éviterions ainsi de longues semaines d’angoisse. Nous avons accepté l’amniocentèse, mais aussi l’autopsie. Juste au cas.

Tous les médecins que nous avions vus jusqu’alors nous avaient dit que c’était parce que le problème était majeur qu’il avait été détecté si tôt, et le médecin qui a pratiqué l’amniocentèse s’est également senti obligé d’insister : « même si les résultats sont normaux… c’est très sévère. » Il a inséré la grosse aiguille dans mon ventre pendant que je regardais mon bébé à l’écran. Je n’ai pas eu mal, je n’ai senti qu’une sorte de petite décharge électrique.

À mon retour à la maison, j’ai appelé mon médecin. Je lui ai dit que j’étais prête. Ce n’était qu’à moitié vrai, mais il fallait que ça finisse. Ça ne rimait plus à rien de continuer. Ça ne faisait que retarder la suite.

Elle m’a dit de me présenter à l’hôpital le lendemain matin.

Suite à venir…

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