J’ose en parler aujourd’hui. Oui, je dis OSE parce qu’on dirait que c’est tabou, qu’on voit ça comme un fail majeur et que mon dieu que ça a l’air facile pour tout le monde. Plus j’en parle et plus je m’aperçois qu’on me répond souvent, MOI AUSSI. 15% des fois en fait.
Honnêtement et naïvement, je me disais presque que c’était impossible. Ce n’était arrivé à personne de ma famille, ni mes amies. Tout allait bien. On s’obstinait déjà sur le prénom et le docteur m’attendait pour la première écho. Ça avait collé comme dit mon grand-père.
«On dirait qu’il y a un peu de sang?» que je dis à mon homme avant de dormir. L’infirmière d’Info-Santé me dit de ne pas m’inquiéter, que ça arrive souvent. On s’endort juste après avoir fait la promesse à mon homme de me reposer davantage. Il trouve que je vire trop, je ne dors pas assez. À partir de demain, je l’écoute.
6h15. Les crampes me réveillent. Il y a du sang, beaucoup. Cette fois-ci, l’infirmière d’Info-Santé évoque la fausse-couche. Relativement calme, elle dit qu’il n’y a rien à faire, que c’est normal, que ça arrive souvent. Ça se peut que ça ne soit pas ça non plus. J’ai le goût de lui dire «Fuck You». Dis-moi ce qui en est maintenant. Donne-moi les faits.
Le temps passe, le sang coule, le sentiment d’impuissance est là fois mille. Si je pouvais, je mettrais un bouchon pour l’empêcher de sortir. Pour l’emprisonner en moi. Parce que la vie n’est pas toujours facile, mais c’est pas une raison d’abandonner mon p’tit. Si tu voyais le cocon d’amour qu’on te prépare. Reste.
Mon homme, le plus gros sentiment d’échec au monde et moi allons chez le docteur, en privé, parce que c’est maintenant que j’ai besoin de savoir et de voir.
Et je ne vois rien. Fini. Parti. Je ne suis pas la seule. Le docteur en voit au moins 10 par semaine. Je l’ai écouté distraitement, ayant en tête juste les faces accomplies des femmes aux grosses bedaines dans la salle d’attente. Je les déteste, mais rapidement j’arrête pour me détester moi.
C’est de ma faute. J’ai été debout toute la soirée au show de Pink. J’ai marché pour revenir du travail. J’ai tellement mangé de scrap en fin de semaine. Pas assez dormi, travaillé debout. Je refais tout en boucle. J’ai fait tout faux. C’est de ma faute.
La plus grosse peine que j’ai, c’est de retourner dans ma maison. Elle a perdu sa bonne humeur, ses projets en-devenir, sa bombe à 4 pattes à retardement. Pour un temps seulement, je sais. On peut recommencer, mais c’est long. Déjà que je trouve que 9 mois, c’est interminable, je dois non pas recommencer à 0, mais à moins 10 genre. Nous protéger au moins 1 mois, réessayer, attendre que ça recolle comme dit Papi et traverser le 3 mois avec la peur au ventre cette fois-ci parce que je connais maintenant quelqu’un à qui s’est arrivé, moi.
J’ai pris 2 jours de congé. Ma boss m’a forcée tout de suite après m’avoir révélé qu’elle en avait fait 2. Je lui ai dit merci. Pas pour les congés, pour le fail qu’elle venait de m’enlever et de partager.
J’ai pris sur moi et je me suis fait comprendre que ce n’était pas ma faute. Qu’il y en a qui sont sur le crack et qui font de beaux bébés en santé. Je me suis fait un macaroni au jus de tomate et je me suis clanchée une Célinothérapie. Oui. Céline Dion. «3 Boys and a new show» en 7 parties sur Youtube. Pas idée comment elle m’a fait du bien. Elle me fait rire Cél avec son désir de normalité, ses glissades d’eau vraiment trop cool et surtout parce que ça lui a pris 6 fois à Cél avant que ça colle. Je connaissais maintenant une 2e personne à qui c’était arrivé et je me suis dit que bientôt, moi aussi je pourrais chanter A New Day has Come... quétaine de même.
Message à mon Papi : Je voulais te dire, ça a recollé. xx