La fille de mon chum a presque-sept-ans. Pendant ma grossesse, j’étais la préposée aux questions de Poulette sur mon bedon. Lui y échappait toujours. (Hasard? I think not.)
 
Cette semaine, Poulette observait attentivement son nouveau petit frère sur le tapis d’éveil.

«Qu’ess qu’y a, Poulette?»
 
«Comment on fait les bébés?»
 
BINGO! Celle-là est pour papa.
 
«Dès que papa revient, il t’explique ça!»
 
«Toi, tu peux pas?»
 
«Oui, mais papa le fera tellement mieux.»
 
J’éprouvais un malin plaisir à lui refiler celle-là. Le soir, pendant que mon chum bordait Poulette, j’ai sorti mes meilleurs moves. Je faisais ma danse de la victoire dans le couloir.
 
«Poulette a une question pour toi!»
 
«Papa, comment on fait les bébés?»
 
«Eeeeeeeeh booooy…»
 
Ma danse de la victoire a pris de la vigueur. Clairement, j’étais la seule à me trouver drôle.
 
Il n’était pas question pour mon chum de raconter des histoires de choux. Il s’est lancé à «frette», comme ça. Même pas de whisky pour le courage.
 
«Pour faire des bébés, il faut faire le sexe.»
 
«Chéri, on dit faire l’amour.»
 
«Ouais. Faire l’amour.»
 
«Elle sait pas c’est quoi, faire l’amour.»
 
«Euh. Faire l’amour, c’est… c’est… c’est quand une madame et un monsieur s’aiment beaucoup, beaucoup, beaucoup…»
 
Ouin, mettons. En même temps, t’expliques ça comment à un enfant de six ans, que parfois, le sexe, c’est deux inconnus, beaucoup de téquila et la banquette arrière d’une Honda Civic.
 
On va s’en tenir à la version romantique.
 
«…et quand un monsieur et une madame s’aiment beaucoup, beaucoup… AIDE-MOI DONC!»
 
«Pour faire des bébés, Poulette, ça prend un pénis et un vagin.»
 
S’en suivit l’explication du va-et-vient : Beaucoup d’amour et de câlins, un pénis dans un vagin, du liquide de monsieur et un mini-œuf de madame.
 
Explication complète… en 1980.
 
Mais en 2014, ça se poursuit. Et comment on fait, quand c’est deux papas? Et deux mamans?
 
On trouvait important d’inclure les familles non-traditionnelles. Après tout, nous sommes une famille recomposée.
 
On lui a donc parlé de «banque de liquide de monsieur», d’insémination artificielle, de mère porteuse, d’adoption. Mon chum lui a expliqué que par exemple, si sa meilleure amie n’avait plus de parents, on pourrait l’adopter et devenir sa famille.
 
Et moi de répondre : «Tu lui apprends des stéréotypes. Sa meilleure amie est chinoise.»
 
Encore une fois, j’étais la seule à me trouver drôle.
 
On s’en est bien sortis, finalement. On lui a dit toute la vérité… ou presque.
 

Vous avez dit quoi à vos grands et moins grands qui voulaient savoir comment on fait les bébés? Réponse plus traditionnelle, moderne ou hybride?