C’est un sujet vieux comme le monde, une grande dichotomie de l’humanité. J’ai (et je crois que la plupart des gens aussi) le réflexe premier de tenter de catégoriser les choses, personnes, sentiments, évènements de ma vie. C’est rassurant, ça permet une illusion de contrôle, c’est facile. Depuis notre enfance on nous parle de ce qui est bien ou pas et les valeurs divergent selon les familles, mais tout le monde est bercé par cet apprentissage du bon et du mauvais.
Pour attaquer les ambiguïtés et les contradictions qui le déchirent, le cerveau humain pullule de moyens efficaces pour camoufler ce qui est trop lourd, inconfortable. Pourtant, dès que l’on devient parent, la confrontation est inévitable : et moi, j’enseignerai quoi à mon enfant? C’est le moment où l’on se remet en question, où l’on remet tout en question, jusqu’aux plus profonds enseignements que l’on a reçus.
En tant que maman, j’ai des devoirs titanesques, dont celui de donner à ma fille les moyens de se forger une opinion autonome face à ce qui l’entoure; la pousser à faire connaissance avec le beau et le laid de ce que la vie offre, à se faire ses propres repères, une main dans la mienne. Je ne veux pas lui dire d’emblée ceci est bien et ceci est mauvais, je veux qu’elle apprenne à le faire par elle-même, qu’elle le fasse indépendamment de moi.
Elle a commencé par apprendre à parler, marcher, puis Angélik a un jour passé la porte de la maternelle et a continué à apprendre un tas de choses sans que je sois près d’elle.
Un soir au souper, alors qu’on discutait de sa journée, elle a dit :
«On a une petite voix dans le ventre qui dit si c’est bien ou mal. On le sent tout de suite. Pis y a des fois où elle dit rien et c’parce que c’est ni bien, ni mal, c’est juste comme ça.»
On parlait même pas d’un sujet grave et solennel, mais l’entendre dire ça la voix souriante m’a fait l’effet d’une gifle en papillons.
Je sais bien qu’à l’école, ils avaient tous droit à des cours de communication de leurs émotions (la maternelle est devenue surprenante!), mais son air convaincu m’a laissé croire qu’elle comprenait bien le sujet dont il était question.
Elle avait un petit six ans et savait mieux que moi qu’il est quelques fois inutile d’essayer les catégories. Il y a des choses, circonstances, émotions où c’est juste comme ça, peut-être un peu tristement aussi, quelques fois.
On a décidé d’appeler ça la vie.
Quelles sont les perles de sagesse que vous avez reçues ou offertes? Vos enfants vous on fait réfléchir à quelle question en particulier?