Lundi soir, sur le chemin de la maison :
«- Pis, comment a été ta journée?
– Bien mais j’ai pas de devoirs à faire, Isabelle a oublié les dictées à la maison.»
J’ai trouvé l’échange un peu bizarre sur le coup, mais je n’ai pas vraiment creusé la chose.
Puis, le lendemain soir, toujours au retour de l’école :
«Alors poulette, ta journée?
– Bien… »
Long silence.
C’était définitivement louche.
J’allais demander si elle était certaine quand elle a ralenti sa cadence et a lancé rapidement :
«- Maman, j’ai triché.»
J’ai jeté un regard étonné en sa direction, elle a poursuivi :
«- Dans ma dictée, j’ai triché.
– Oh. Comment ça?
– Bin, je sais pas.
– Mais t’as fait quoi, au juste?
– J’ai copié mes mots dans ma main.»
J’ai eu envie d’hurler de rire. J’imaginais tellement la scène : Angélik avec sa petite main, les mots qu’elle écrit encore si gros logés dans sa paume, au feutre probablement, tentant de copier sa dictée en première année. À cette pensée, j’ai arrêté de rigoler. Pourquoi sentait-elle le besoin de tricher alors qu’elle réussissait très bien? À toute allure, j’ai réentendu mes commentaires lors des devoirs; je n’avais pas l’impression d’avoir mis une quelconque pression sur elle pour qu’elle performe.
« – Isabelle t’a vu?
– Oui.
– Elle a fait quoi?
– Elle m’a enlevé ma copie, j’ai eu zéro.
– Hum. Ouain.
– Est-ce que t’es fâchée?
– Pas vraiment, je me demande plus pourquoi t’as fait ça. T’es bonne dans les dictées, pourquoi t’as triché?
– Je sais pas.
– Est-ce que c’est parce que t’avais peur de pas avoir une bonne note?
– Non.
– Avais-tu l’impression de pas avoir assez révisé tes mots de vocabulaire?
– Non.
– Bin, pourquoi t’as triché alors?
– Je sais pas maman.
– J’aimerais ça que tu y réfléchisses un peu quand même, je suis pas fâchée, mais j’aimerais ça que tu me dises pourquoi c’est arrivé.
– Je sais pas pourquoi j’ai fait ça. J’ai pas envie de recommencer. Est-ce que je vais avoir une punition?
– Je pense pas que ce soit nécessaire, je pense que tu l’as déjà eu, non?
– Comment ça?
– J’imagine que tu te sentais pas très bien quand Isabelle t’a surprise en train de tricher?
– Non, j’avais honte.
– Je pense que c’est la pire punition, han? On se sent pas bien, je sais c’est quoi. Je trouve que t’as été bonne de me l’avouer.
– Je pensais que t’allais me chicaner.
– J’veux juste être certaine que ça va. Toi, je veux dire. Une note qu’on obtient en trichant, ça vaut rien, c’est encore mieux un deux sur six. Si t’as une mauvaise note un moment donné, on saura qu’on devra réviser un peu mieux la prochaine fois et c’est tout, je serai pas fâchée de ça, mais que tu triches, c’est bof. Tu comprends?
– Oui. Toi, t’as déjà triché, maman?
Y a rien qu’elle aime plus que mes mauvais coups; elle adore m’entendre raconter les fois où j’ai désobéi; j’ai souri et on s’est rendues à la maison tandis que je confessais mes tricheries d’école.
Vos enfants vous ont-ils déjà avoué leurs tricheries? Comment avez-vous réagi?