Dans un groupe de discussion, un matin de semaine. Une quinzaine de mamans avec bambins de tout âge. Le sujet du jour : l’accouchement. C’est un lieu qui se veut un espace d’accueil pour toutes. On nous invite à y partager notre histoire, tour à tour. Sujet inépuisable. Go! J’y vais!
Après avoir entendu la moitié des histoires de ces femmes, on arrive à moi.
Sur le coup je ne réfléchis pas et je décide de m’en tenir uniquement à un récit de faits : une version très dry qui aura le mérite de raconter en 4 minutes un accouchement qui, somme toute, s’est bien déroulé. Sans trop de détails, je raconte… N’étalant pas mes états d’âme, mes impressions, mes souffrances. Puisque l’histoire de la naissance de ma Bébé-Fille n’a pas fini en catastrophe, en déchirure au troisième degré, en césarienne d’urgence, en prolapsus, en interventions irrespectueuses ou en «spectacle» inhibant, j’ai opté pour une version courte et non-sentie de mon expérience.
J’ai également remarqué que d’autres mamans qui n’avaient pas d’horreurs à raconter s’en tenaient à des versions plutôt brèves.
J’ai quitté avec un sentiment de frustration. Je m’étais auto-censurée. WTF? Pourtant, mon histoire était tout aussi chargée et méritait que je la raconte.
La réflexion qui a jailli en moi après ce tour de table ressemblait à : est-ce que les situations négatives ont plus de valeur, voire, plus d’importance que les positives? À y voir le déroulement de cet atelier-jasette, on aurait pu le croire. Vingt minutes de tribune pour une femme vs deux minutes pour une autre?
Et quelle est cette culpabilité créée par le fait d’avoir une histoire dite «normale» à raconter? Une histoire qui n’est pas sans labeur, sans souffrance, ni sans life-changing moments… Une histoire qui a de la valeur, tout autant. Pourquoi la censure? Pourquoi trafiquer la mémoire de cet événement majeur?
Cette auto-censure, vous la connaissez? L’avez-vous vécu?