Avant, moi aussi ça me dérangeait voir une fille allaiter et j'ai changé d'avis

J’avais 24 ans, je venais d’emménager avec mon chum. Mon passe-temps favori consistait à être un peu baveuse sur les réseaux sociaux pour faire réagir les gens. Je voulais réguler l’internet, c’était ma mission, ce sur quoi je mettais le plus de temps durant ma maitrise.
Un jour, la photo de profil Twitter d’une personnalité connue illustre sa boule et son enfant qui tète. Moi je trouve ça ben beau l’allaitement du haut de ma vingtaine, mais j’ai envie de dire sur les réseaux sociaux que ça n’a pas de bon sens. Je me suis fait ramasser par l’ancienne coloc de ma jumelle (qui avait un bébé) et une autre fille qui sortait avec un ami à mon chum.

Je braillais de rage, j’étais tellement frue de me faire ramasser. T’sais, c’est naturel l’allaitement, mais qu’est-ce que ça fait sur Facebook et Twitter, c’est tellement personnel des seins.

Pis là, j’ai vieilli. Mentalement pis aussi psychologiquement. Je me suis rendu compte que j’étais bien mal dans ma peau pis que j’avais de la misère avec la nudité des autres parce que je voulais en fait contrôler la vie desdites personnes. Si la liberté des uns s’arrête à celle des autres, leur droit de choisir d’exposer un geste naturel est crissement pas de mes affaires.

Quand on mélange slut-shaming et allaitement…
Eille, sérieux, si une personne me dit encore que les femmes qui allaitent veulent se montrer les boules, je pense que je flashe les miennes pour le fun.
Pis j’ai même pas allaité.
Oui, c’est un geste qui est intime dans le regard des autres, mais de voir des commentaires qui disent «un manné, les filles vont juste se promener bared tits» et «après ça on se demande pourquoi les filles se sentent agressées»… ça me fait mal au cerveau.
Premièrement, nourrir son enfant c’est pas se montrer les seins pour le plaisir et même si c’était le cas, je ne connais personne qui est police de la pudeur. Je veux dire que même si une personne/une fille voulait montrer ses seins, c’est pas de nos affaires.
Et il s’arrête là dans le fond le débat. Sur le fait que c’est pas de nos affaires ce que les autres font, et surtout, que c’est vraiment pas de nos affaires de où, quand ni comment une mère nourrit son enfant.

Et si une autre personne compare le fait de pisser et chier à allaiter, ou même de faire l’amour, vous allez avoir comme conséquence de devoir refaire de la philo et d’apprendre à débattre.

Les mentalités changent, mais il faut se donner un coup de pied à soi-même aussi des fois pour que ça se fasse. Allaitement = pas porno.