On en entend parler. On sait que ça peut arriver. Que ça peut NOUS arriver. On se transmet la peur d’une femme à une autre…
 
- Comment s’est passé ton accouchement?
- J’ai déchiré au 2e degré. Mon amie, c’était un vrai massacre à la tronçonneuse. Elle a déchiré au 4e degré.
- …

 
On cultive la peur de la déchirure sans trop savoir ce que ça veut vraiment dire. Sans savoir ce que ça implique. Comment ne pas s'effrayer devant l'association d'un tel mot à notre intimité?
 
Je me rappelle ma propre médecin qui m’avait avoué : «Moi j’ai déchiré au 4e degré. J’en ai eu pour 1 an à péter sans pouvoir me retenir.»
 
Je vais dire quelque chose qui va peut-être vous surprendre…
 

Ce n’est pas le degré de déchirure qui, à lui seul, indique la gravité des dommages au périnée. 

Ça compte bien sûr parmi les détails à considérer, mais tout un tas de facteurs entrent en scène quand vient le temps d’évaluer l’intensité ou la gravité des blessures ou l’état du périnée après un accouchement. Par exemple :
 

  • La durée de la poussée (surtout si celle-ci dure plus de 2 heures)
  • Le poids du bébé à la naissance.
  • L’âge de la mère au premier bébé.
  • L’utilisation de forceps ou ventouses.
  • Une position occipito-postérieure du bébé.
  • Le poids de la mère.

Quand on ne le sait pas, la leçon s’impose généralement assez vite : en maternité, on ne peut pas tout contrôler. «MAIS QU’EST-CE QU’ON PEUT FAIRE?» clament les plus craintives. Je réponds qu’on peut s’informer. Il existe des façons de se préparer à l’accouchement et d’aider à prévenir ou diminuer le risque de blessures.
 

  • Se renseigner sur les positions d’accouchement et les techniques de contrôle de la douleur.
  • PARLER avec sa sage-femme, son médecin, son accompagnante, sa physiothérapeute, son ostéopathe, son acuponcteur, etc.
  • Faire les exercices d’assouplissement tel que décrit dans le livre de Chantal Dumoulin.

Les étirements passifs des muscles du plancher pelvien, pratiqués à partir de la 35e semaine, réduisent l’incidence des traumatismes nécessitant des sutures, le risque d’épisiotomie et l’incidence de douleur 3 mois post-partum. 
 
Pratiqués lors du 2e stade du travail, ils aident à réduire le risque de déchirure du 3e ou 4e degré.

Quand même... c'est pas rien!
 
Petit précis de l’étirement des muscles du périnée
 

  1. Insérez votre pouce dans le vagin (ou demandez à votre conjoint de le faire avec son index) – au moins 2 phalanges pour aller assez profond.
  2. Appliquez une pression vers le bas (vers l’anus). Maintenez de 30 à 45 secondes.
  3. Faites 3 à 5 répétitions.
  4. Étirez ensuite vers la droite et vers la gauche, puis à 4h00 et à 8h00.
  5. Après 2-3 semaines, vous pouvez combiner les exercices vers la gauche et la droite. 
Crédit photo: www.bloomingbellys.com
Crédit photo : bloomingbellys.com.

Évidemment, on peut appliquer TOUS les conseils et déchirer quand même. Comme je disais, on ne contrôle pas tout.
 
Si, au bout du compte, on déchire?
 
Si déchirure il y a, peu importe le degré, il faut savoir que la cicatrice pourra être évaluée, traitée, massée. Bien sûr, avant de la masser, il faut attendre qu’elle soit bien guérie. On ne commence habituellement pas avant la 4e semaine post-partum. Mais plus on attend longtemps avant de l’assouplir, plus ça va être long et difficile.
 
 
Avez-vous craint ou craignez-vous de «déchirer» lors de votre accouchement?