J'ai réalisé avec le temps que même si un accouchement est un truc très personnel, j'avais envie de raconter le mien. Pas pour faire peur ni rien, juste parce que j’aurais aimé qu’on me raconte plein d’accouchements avant que je passe par là, pour savoir à quoi m’attendre. 

Bref, si je raconte le mien aujourd’hui, c’est qu’un an plus tard, j’en reviens toujours pas comment j’ai trouvé ça drôle. 

Alors, le 18 juillet, je me réveille avec la certitude que j’accouche bientôt, pour de vrai là. C’était un sentiment tellement fort dans mon cœur et dans mon corps que je savais que c’était la bonne journée. Je suis travailleuse autonome, donc j’ai averti la réviseure de TPL…

– Goulet, je pense que j’accouche aujourd’hui ou genre demain. 
– OMG! 
– Il manque combien d’articles pour la semaine prochaine (c’était sa plus grosse semaine à la job)?
– Si tu es capable d’en faire 7, ce serait parfait
– Ok Goulet, je fais ça maintenant!

Ça fait partie des trucs drôles de mon accouchement, faire 7 articles high sur les contractions. Je savais que ma médecin de suivi de grossesses était à l’hôpital seulement à 22 h ce soir-là, alors je prenais mon temps pour pouvoir accoucher avec elle (comme si). 

Ma journée de contractions a bien été. J'ai fini mes articles à 19 h. Je me suis fait un gros souper, mes amies sont venues détendre (lol) l’atmosphère un peu crispée dans la maison. 

Vers une heure du matin, j’ai dit à mon chum de se coucher parce que mes contractions lâchaient au genre d’heure et demie. Je prenais des bains pis ça ne faisait pas grand-chose. Je m’asseyais aux toilettes pour gosser sur les réseaux sociaux et penser à autre chose qu'à la douleur. 

À 6 heures du matin, j’étais vraiment fatiguée et j’ai semi-crié au téléphone après l’infirmière qui trouvait que je n’avais pas l'air d'avoir assez mal avec ma voix de fille qui trouve ça drôle accoucher. J’ai mangé un pot (500 ml) de yogourt avant de partir parce que dans ma tête ça se dégueulait bien du yogourt et j’avais faim. Tout ça dans le lieu le plus confo de ma maison, la toilette!

Rentre dans un taxi. Le monsieur a sûrement vu trop de films parce qu’il roule comme un malade. J’habite coin Mont-Royal/St-Denis, l’hôpital Saint-Luc est à 3 minutes de char. Dans ma tête, la ride a duré 19 secondes. 

À l’hôpital, ce qui me dérangeait le plus c’est que, comme je suis positive/ricaneuse, on ne me croyait pas quand je disais que j’avais mal. 

On me chècke après 1 h 40, je suis à 4 cm. Je vais aux toilettes m’asseoir parce que c’est là que je suis le mieux. Puis, 10 minutes plus tard, je pousse ma poche des eaux sans faire exprès. Dans ma tête tout déboule. Omg, j’accouche live là. Je pèse sur le piton d’urgence et personne ne vient. Les secondes sont des heures. Mon chum sort dans le corridor pour caller les infirmières en changement de quart. 

Il y a 10 personnes habillées en civil dans ma chambre; on m’aide à me déplacer. Ma médecin m’annonce que c’est juste ma poche des eaux. Les deux jambes dans les étriers, je fais le papillon en pleurant de rire. 

«J’étais sûre que je chiais mon bébé, HAHAHAHAHA!»

J’ai perdu mes nerfs. 

Puis, plus rien. Plus de contractions régulières, je n’étais pas ouverte à 8 et j’avais faim. Par chance, l’hôpital Saint-Luc a les gaz hilarants et ça aide à passer le temps.

Vers 14 h, j’étais vraiment tannée. J’ai demandé du Pitocin pis en trois secondes, ça poussait dans mon cul. En fait, j’étais certaine que mon cul allait casser en deux, et je le disais à qui voulait bien l’entendre. 

Ma médecin m’a demandé si je voulais être piquée au col honteux. J’ai dit oui, parce que sentir mon vagin déchirer, ça ne me tentait pas. J’ai commencé à pousser. Je criais un peu, on me disait de garder mon énergie et ma joie du début. Je voulais bien, mais je ne comprenais pas ce qui se passait pantoute. 

Quelques minutes plus tard, ma médecin me fait toucher à la tête, j’étais vraiment mindblown. Autour de moi, l’atmosphère de la pièce a changé. Il y avait un orage estival très intense et tout le monde est devenu blanc.

– Si tu ne le sors pas, c’est moi qui vais le sortir... me dit ma médecin en me regardant droit dans les yeux. La seule pensée du 4e degré de déchirure m'a motivée à lâcher le plus gros TABARNAK de l’histoire de ma vie!
– Garde tes énergies Josiane, me dit mon infirmière.
– Sacrament, je me suis retenue toute la journée pour ne pas sacrer, là je vais le faire!

Pouf. Arthur est sorti, ma médecin m’a dit que ça avait été une dure poussée, car il avait le poing sur le bord du visage. J’ai ri en disant qu’il était au téléphone. On l’a posé sur mon torse et tout le reste est devenu flou. 

Quand on me disait que c’était quelque chose accoucher, je n’ai jamais pensé que ce serait comme ça. Intense, mais beau. Souffrant, mais le résultat en vaut la chandelle.