La semaine dernière, je vous présentais ma rencontre avec Marianne Dubuc suite à la remise des Prix jeunesse des Libraires du Québec pour la quatrième édition. Cette semaine je vous présente l'entrevue que j'ai faite avec celui qui sait être drôle, beau du dedans et du dehors, faire la split, écrire un album jeunesse ET un roman d'adulte sur deux claviers d'ordi en même temps, et tout ça sans consommer de caféine. Mon entrevue avec Simon.

Entrevue Simon BOULERICE.

Crédit photo : Jean-François Lemire.

 
A/S/V?
32/H/Montréal depuis 13 ans.
 
Pourquoi as-tu un jour eu envie de créer pour les jeunes?
Parce que je suis très près des enfants, je me sens près de leur spontanéité. J'ai l'impression d'avoir beaucoup préservé mon émerveillement dans la vie et je suis de nature foncièrement optimiste. Je pense que tout ça sont des skills importants à avoir quand tu écris pour les enfants.  

Y a-t-il des messages ou des valeurs que tu veux faire passer à travers tes livres?
Je donne toujours la parole aux exclus, à des gens qui sont dans l'ombre et ç'a été comme ça dès le départ de façon instinctive. Je suis féministe, je parle beaucoup d'équité, du sentiment d'être au même stade avec les autres, c'est ma soif de justice qui a toujours été très présente dans ma vie. J'essaie toujours que ce ne soit pas trop lourd, mais aussi le plus ludique possible. 

Pourquoi c'est important de débuter la lecture le plus tôt possible avec l'enfant?
J'ai envie que les enfants aient des livres à la maison. Que les parents les laissent à leur portée. Quand j'étais petit, j'en avais pas beaucoup, mais j'en avais et mes parents les laissaient à ma hauteur pour que j'y aie accès. Je pense que si j'en avais pas eu, j'aurais été vraiment triste...
Je trouve personnellement qu'il y a beaucoup d'enfants qui ont peu d'amis. Un livre, c'est un ami. Ça a quelque chose de rassurant, c'est une présence, c'est quelqu'un qui nous parle, qui nous chuchote à l'oreille quand on l'ouvre. Je trouve que c'est beaucoup plus fort que la télévision par exemple, c'est plus personnel, intime et ça donne le sentiment que quelqu'un nous parle à nous. Ça fait plus travailler l'imaginaire et c'est gratifiant lorsqu'on l'a terminé. J'ai envie de surpeupler les bibliothèques pour que tout le monde trouve son compte, qu'il y ait le plus de variétés possibles parce que les enfants aussi ont des gouts pointus.

Un auteur jeunesse québécois qui t'inspire? Un illustrateur?
François Gravel pour moi c'est un classique. J'aime beaucoup son humour. Je suis vraiment fan de sa série où il aborde toutes sortes de sujets intéressants pour nous faire réfléchir, où il met à profit son humour et où il ajoute toujours des informations pertinentes. Je trouve brillant comment il réussit à faire rimer tout ça ensemble parce que ça prend certainement du doigté et un peu de génie aussi. C'est un auteur qui se renouvelle constamment que j'admire beaucoup. J'en nomme un, mais j'en admire tellement d'autres aussi.

Comme illustrateur, je vais avoir l'air de prêcher pour ma paroisse, mais Gérard Dubois qui a illustré Un verger dans le ventre, j'ai adoré son travail. J'aime tellement ce qu'il fait que je crois que si on m'avait demandé de choisir, je serais allé spontanément vers lui. Je trouve qu'il a beaucoup de poésie et une cruauté qui me rejoint aussi; il aborde l'enfance avec une grande cruauté et il n'a pas peur de faire peur aux enfants.
 
Écris-tu pour mieux comprendre l’enfance ou parce que tu ne l’as jamais quittée?
L'enfance ne m'a jamais quitté. Ça ne m'empêche pas d'agir comme un adulte, je suis très ancré dans mon 32 ans. La compréhension de l'enfance est toujours présente je crois, parce qu'on est tous passés par là. Je trouve ça malhonnête quand on fait mine de ne pas comprendre les enfants, on l'a tous vécu.

Crédit selfie : Simon Boulerice.

Qu’est-ce que ça représente pour toi de gagner le Prix Jeunesse des Libraires du Québec, volet 6-11 ans?
J'ai beaucoup de facilité à écrire pour ce groupe d'âge-là et très honnêtement je pense que c'est le groupe d'âge qui me correspond le mieux dans la jeunesse et même plus que pour ado. C'est un moment très beau dans ma vie, très clair dans mon esprit.

En quelques phrases, peux-tu nous parler de Edgar Paillettes?
Edgar c'est un petit garçon autiste. Chaque jour, il se costume pour aller à l'école et parle en poème. Edgar a un frère aussi, Henri, qui vit un peu dans son ombre. Beaucoup de tendresse entre les deux , mais beaucoup de jalousie mutuelle aussi. 
Je voulais mettre en lumière les gens de l'ombre. Je me reconnais beaucoup à travers les deux personnages et je crois que ce roman-là c'est un peu une réconciliation entre mes deux pôles qui correspond à chacun des deux frères.

Edgar Paillettes
Simon Boulerice
Éditions : Québec Amérique, 2014.
9 ans et plus.
 

Crédit illustration : Fabrice Boulanger / Source : Facebook Prix des libraires du Québec.

*Mention très spéciale à Simon pour ses trois nominations dans chacune des catégories! Bravo, succès amplement mérité! YÉ!

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