Mon homme était parti cette journée-là. Jamais je n’ai attendu quelqu’un aussi longtemps. À son retour, après ces premiers mots lancés par la peur, je lui partageais la nouvelle : « J’suis enceinte ». Les mots ont résonné dans le vide pendant 5 secondes une éternité. Je tremblais, je pleurais, je paniquais. Les mots ont jailli hors de moi sans que je puisse les retenir. Il a fallu qu’il me prenne dans ses bras en souriant avant que je recommence à respirer, enfin.
 
J’avais arrêté la pilule depuis plus d’un an. Pas parce qu’on « s’essayait », mais parce que les effets secondaires… une autre longue histoire! Comme moyen de contraception, on utilisait le condom pendant au moins 2 semaines, au milieu de mon cycle menstruel. On était certain que ça couvrait amplement la période risquée. Ça fonctionnait depuis un an.
 
Ouin… riez!
 
Je me sentais fatiguée depuis quelques semaines, mais j’attribuais mon épuisement à la coqueluche qui avait habité mes poumons les mois précédents. Ce matin-là, j’avais décidé de faire un test de grossesse. J’en avais fait des dizaines dans le passé, par pure paranoïa, tous négatifs. Je m’attendais donc au même résultat.
 
Quand j’ai vu la deuxième p’tite barre apparaître, mon cœur s’est mis à courir et mes jambes aussi, vers la pharmacie. J’ai acheté un autre test de grossesse. Le plus cher. Je ne raisonnais plus. Les mots « cher » et « fiable » étaient devenus synonymes. J’suis retournée à deux reprises acheter des marques différentes. Il me semblait que chaque fois, la deuxième petite barre se dessinait de plus en plus vite.
 
Je repensais à toutes les soirées arrosées des dernières semaines. À peine dix jours plus tôt, je buvais du vin au goulot! J’ai passé la journée sur Google : le terme syndrome d’alcoolisme fœtal tournait en boucle dans ma tête. J'hyperventilais.
 
J’ai préparé à mon chum le souper le plus luxueux de notre histoire. Tout ce qui m'importait, c'était d'atténuer le choc. J'espérais que la nouvelle passe mieux entre 2 homards. On a soupé sans trop parler. « T’es enceinte! J’suis enceinte! » sont pas mal les seuls mots qu’on a prononcés. 
 
Trois ans plus tard, on a fait le deuxième « par exprès ». Les nausées qui ont accompagné sa création auraient probablement atténué l’effet de surprise de toute façon. Mais malgré que la chose soit prévisible, il a quand même fallu que j’pisse sur 3-4 bâtons avant de me convaincre que c’était bien réel.

Ça s'est passé comment, la fois où faire pipi sur un bâton a changé votre vie?