Un jour je suis tombée sur un texte qui disait que la fleur qui représentait le mieux les enfants de militaire était le pissenlit. Vite comme ça, je m’étais dit que ce n’était pas tellement flatteur et même un peu poche (non, mais s’il y a bien une fleur qu’on se tue à arracher de son terrain au printemps, mais qui finit toujours par réapparaître encore plus fortement, c’est bien les pissenlits!). Pourtant, croyez-moi, cette comparaison est exacte.
« Tu vas voir, les enfants, ça s’adapte! » Cette phrase qu’on m’a répétée souvent n’a jamais quitté ma tête durant tout le processus de ce gros déménagement outre-mer. Je me la suis répétée maintes et maintes fois quand j’ai eu peur d’en demander trop à mes enfants, lorsqu’est venu le temps de faire leurs adieux aux amis du quartier, à leur chambre à coucher, à leur salle de jeu… La maman un peu paniquée que j’étais se redisait en silence pour la millième fois : « Ne t’en fais pas; ils sont petits, ils vont s’adapter. ».
Et puis est venu le temps de la rentrée scolaire pour ma grande petite fille de 4 ans, à peine 10 jours après notre arrivée en terre allemande. Là, avec tout l’ampleur et le stress du moment (t’sais quand ton bébé commence l’école, tu as juste envie de pleurer ta vie de toute façon) je me suis mise à avoir peur, à angoisser. Tout ça de l’intérieur, car je ne voulais pas transmettre ce mauvais mood à mon enfant. Je réalisais ce que je savais pourtant déjà : j’amenais ma fille à commencer l’école dans un nouveau pays, avec des nouveaux amis, mais surtout dans une nouvelle langue qu’elle ne maîtrise pas du tout. J’ai paniqué et tout remis en question. Je me suis demandé quel genre de maman pouvait bien tout pitcher ça à son enfant en même temps en se disant que ce serait correct… J’étais terrifiée pour mon bébé, mais elle, elle n’y voyait aucun problème. Aucune larme, aucune plainte… Oui, tout était correct pour elle.
À ce moment j’ai vraiment admiré ma Lili-pissenlit.
Et encore aujourd’hui, deux mois seulement après notre arrivée ici, je suis sans mots devant l’adaptation si rapide de mes petits, surtout de ma Lili. Que ce soit en ce qui concerne sa rapidité d’apprentissage de la nouvelle langue ou sa capacité à se sentir chez elle ici comme ailleurs, je l’envie. De voir ma fille rire et jouer avec les autres enfants français, anglais, allemands ou néerlandais, sans gêne et en toute simplicité, ça me rend si fière. C’est beau.
Ma Lili-pissenlit a repoussé ici et continue de s’épanouir jour après jour, à mon plus grand bonheur. J’imagine que tous les enfants ne réagissent pas pareil en période de changement, mais je crois qu’ils ont en eux toute la force nécessaire à cette transition surtout si nous leur donnons les outils appropriés (l’écoute, l’encouragement, le courage…) et leur faisons confiance. Ils possèdent l’innocence de l’enfance qui fait tomber bien des barrières, ces obstacles que nous, adultes, avons du mal à franchir. Indéniablement, les enfants s’adaptent.