Tu te souviens encore de la première fois où tu l’as rencontré. Il était drôle, intelligent et courtois. Il était gentil et a su te faire sentir belle et désirée.
Il y a ensuite eu les premières vraies sorties. Il te tenait la porte, payait la facture et te prêtait sa veste quand t’avais froid. Il t’a raccompagnée chaque fois jusqu’à la porte de ton appart, sans jamais demander pour entrer. Zéro pression.
Puis, t’as fini par l’inviter à prendre un café.
Tranquillement, il a pris de la place dans ta vie. Vous sortiez avec ses amis et vous soupiez le samedi dans sa famille. Quand il était au boulot, il te textait qu’il avait hâte de finir pour être avec toi, qu’il n’avait dorénavant besoin que de toi. Aveuglée par tant d’amour et submergée de bonheur, tu as cru que toi non plus, tu n’avais besoin de rien d’autre que de lui.
Tranquillement, vous vous êtes bâti un nid où vous étiez seuls toi et lui.
Puis, un jour sont venus les premiers commentaires plates et les premières blagues qui n’en sont pas tout à fait. Les premières remarques sur ton souper ordinaire, sur tes tenues vestimentaires trop-ci ou pas assez ça. Au début, tu te disais que ça avait du bon sens, qu’au fond, la mode pis la cuisine, ce n’était pas vraiment ton fort.
Tranquillement, tu t’es mise à croire que sans lui, tu serais vraiment mal prise : incapable de te nourrir et de te vêtir.
Puis, un jour, les commentaires plates sont devenus d’intérêt public. Comme chez ta belle-mère à Noël, quand il a fait remarquer à tout le monde que t’avais pu la taille que t’avais quand vous vous étiez rencontré, que ça faisait un bout que ton abonnement au gym aurait dû être renouvelé.
Tranquillement, tu t’es trouvée grosse, moche et lâche de t’être laissée aller.
Puis un jour, tu as voulu sortir, revoir des amies, aller manger avec ta mère. Un peu comme si on essayait de lui voler un trésor, il t’a fait une scène, demandant depuis quand il ne te suffisait plus, depuis quand les autres étaient devenus si essentiels à ta vie. Il t’a demandé, par amour, de lâcher Facebook pis Twitter et de te concentrer sur votre relation.
Tranquillement, il t’a convaincu qu’en 2014, c’est les relations avec les autres qui mènent les couples à la séparation et que ce serait vraiment triste que ça vous arrive.
Puis, un jour, vous avez eu un enfant. Les commentaires ont continué. Et comme il ne pouvait pas attendre que la petite soit couchée pour te rabaisser, ben elle aussi elle a commencé à te trouver incapable, grosse, moche pis lâche. En plus, une mère qui n’a pas d’amies, c’est tellement pas cool!
Tranquillement, tu t’es sentie seule et vide. Comme si pu rien au monde ne pouvait te sortir de cette vie de merde à laquelle t’avais consenti. Pu d’amies, pu de famille. Juste un nid mal garni, des brindilles sèches avec jamais de coin doux pour te coucher en boule pis pleurer.
Puis aujourd’hui, tu lis ceci et tu te dis peut-être que c’est la vie que t’as choisie, que tu savais dans quoi tu t’embarquais. Pis moi je te dis : NON! Ce que tu vis, c’est de la violence. Pis même si tu me dis que ton chum t’a jamais frappée, moi je te dis qu’il le fait tous les jours, de toute ta vie, depuis trop longtemps.
La violence psychologique, même si ça ne laisse pas de marques visibles, ça fait mal et c’est inacceptable. Demande de l’aide. On va t’en trouver un coin doux pour pleurer et te relever.
SOS Violence Conjugale.
1-800-363-9010.
24 h/24. 7 jours/7.