Quand ça n’arrive pas qu’aux autres : le jour où la vie s’est retournée contre Andréanne.

Parce que d’habitude ça n’arrive qu’aux autres. Avant, quand j’entendais des histoires moches, des histoires de maladie, c’était arrivé à quelqu’un d’autre. Et lorsque quelqu’un me racontait une de ces histoires, je me disais : « Pauvre elle, je ne sais pas comment elle fait, moi je ne serais pas capable ».

Pis un jour, cette fille-là, ça a été moi. Quand j’ai accouché de ma deuxième, c’est à moi que l’histoire d’horreur est arrivée. Quand elle est sortie de mon ventre, elle ne bougeait pas, ne criait pas, ne respirait même pas.

Je n’ai pas eu le choix d’être forte. Je ne pouvais pas « ne pas le vivre », je ne pouvais pas « ne pas être capable ».

Ma petite fille d’à peine 4 heures a été hospitalisée et nous ne savions pas l’ampleur des séquelles que ça pouvait entraîner. Quand elle a finalement eu son congé de l’hôpital, nous ne savions toujours pas. Seul le temps nous apportera des réponses. Comme cette attente est infinie et insupportable!

J’ose rêver au jour où enfin quelqu’un me dira « C’est correct, vous pouvez arrêter de vous inquiéter, votre fille évolue normalement, elle n’aura pas de retard de développement ». Malheureusement, je ne sais même pas si ce jour va exister.

Cette épreuve a éveillé en moi une force insoupçonnée. J’ai compris que la vie continue, malgré la peine, les deuils, la maladie et la souffrance. J’ai compris que la vie fait son chemin. J’ai une fille de 4 ans et une autre en train de se battre dans un incubateur. Je ne peux pas m’effondrer.

Ce qui m’aide, c’est l’amour que je voue à mes filles. La grande, comme la petite.

La seconde où ma cadette est venue au monde, j’ai été investie d’un désir profond et instinctif de la protéger et de m’en occuper, et ce, même si je n’ai pas pu la prendre dans mes bras ni la regarder dans les yeux. Avec mes yeux de maman amoureuse, j’ai tout de suite vu qu’elle est extraordinaire! Et l’amour est plus fort que tout; celui que j’éprouve envers mes filles m’a permis de dépasser mes limites et de faire preuve d’un courage inespéré.

Alors même si la vie nous a rentré dedans cette nuit-là, nous n’allons pas nous laisser faire. Mon bébé-étoile et moi, nous allons être plus fortes que les épreuves qui se dresseront sur notre chemin. Moi, je vais « être capable »! Elle et moi, en famille, nous serons capables.