Mon père est un fan fini de hockey. Quand je dis fini, je ne suis même pas certaine que ça explique vraiment à quel point il aime le hockey. Il connaît tous les joueurs, les équipes, les échanges. Il pourrait te dire qui a marqué le but gagnant dans à peu près n’importe quel match des 40 dernières années. Mon père aime tout du hockey. Tout, sauf les Canadiens.
Et quand on n’aime pas les Canadiens, pour qui on prend maintenant que les Nordiques sont partis? Les Bruins de Boston, bien sûr. Il est fan depuis la fin des années 60. Il a tout à l’effigie de son équipe favorite : cravate, boules de Noël, voiturette et sac de golf, manteau, et j’en saute. Une fois qu’il a fait le tour, il s’est rabattu sur ses petits-enfants : pyjamas, chapeaux, chandails, etc.
Crédit : Véronique Roch-Lefebvre
Malgré son amour pour cette équipe mal-aimé et sa haine des Canadiens, je n’ai jamais entendu mon père dire des méchancetés aux gens à ce sujet, du moins pas gratuitement. Juste des farces ici et là entre copains, autour d’une bière. Et encore, ce sont des adultes autour d’une table avec une passion commune.
C’est peut-être pour ça que la première fois que ma fille a reçu un commentaire de la part d’un adulte, je suis restée bouche bée. J’en revenais pas et par-dessus tout, je ne comprenais pas.
« Comme t’es mignonne, dommage que t’aies pas le bon chapeau. »
Je vous le rappelle, je viens d’une famille de hockey. Je connais et je comprends très bien la rivalité, l’historique et tout ce que ça comprend. Cette tuque qu’E1 porte sur la photo, je l’ai longtemps portée et j’ai donc souvent été la cible des taquineries plus ou moins de bon goût.
Sauf que j’ai toujours été en âge de me défendre. J’ai toujours eu la connaissance et la maturité (voir : grande gueule) pour répondre aux mauvaises langues.
Ma fille de 3 ans, pas tant. Elle ne connaît rien au hockey. Son papa à elle n’est pas un fan fini. Elle n’a jamais vu même une seconde de hockey dans sa vie. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle aime son Papi. Et que son Papi lui envoie des cadeaux.
Je comprends aussi l’importance ou le besoin d’appartenir à un groupe. De s’identifier à d’autres gens par l’entremise d’un intérêt commun. Ce que je ne comprends pas c’est comment un adulte peut se tourner gratuitement vers un enfant et lui dire des choses comme, « T’es dans la mauvaise ville ».
Mais là on parle, encore une fois, d’adultes qui se permettent de dire n’importe quoi à un enfant. L’effet de groupe qui se referme sur un être sans défense. La dernière fois qu’on lui a dit « Ton chapeau est laite », elle a refusé de le porter pendant des semaines.
D’habitude, c’est elle qui le réclame haut et fort.
Ça vous est déjà arrivé de rencontrer de la négativité envers votre enfant à cause d’une équipe sportive?