À toi, fin renard.
À toi, cher enfant que j’ai croisé dans ce centre d’attraction de la rue Michel Laurin. Tu m’as croisée avec mon fils et, tout de suite, tu as voulu jouer avec nous.
Tu m’as expliqué, avec toute la fierté que ton petit corps pouvait me montrer, que tu es un grand frère et que pour toi, les bébés, ça n’a pas de secret. Dès lors, tu as joué au grand avec mon fils. Tu l’as fait rire, courir, et s’amuser. Tu n’avais pas fini une glissade, que tu me bombardais de questions. De très bonnes, je dois l’admettre.
Madame, pourquoi ton fils il a toujours la langue sortie? Madame, pourquoi il a les yeux bridés? Mais madame, pourquoi votre fils ne me parle pas?
J’avoue mon fin renard, que tu m’as prise au dépourvu. Je savais qu’un jour ces questions, j’y aurais droit, mais je croyais qu’elles seraient pour beaucoup plus tard. Et là, vite de même, je t’ai menti!
Je t’ai répondu aussi sérieusement que possible, que ses yeux étaient bridés parce qu’il était Chinois. Ensuite, j’ai continué de te mentir en t’expliquant que sa langue était toujours sortie parce qu’il a toujours soif. Que s’il ne parlait pas, c’était simplement parce qu’on lui demandait, qu’il préférait parler quand il n’y avait personne autour.
Je suis désolée, petit homme, de t’avoir menti. J’étais trop peu préparée pour de si bonnes questions et je l’avoue… j’ai paniqué. J’aurais voulu trouver les mots parfaits, mais ils ne sont pas venus. Alors, j’ai préféré te mentir. Je voulais tant te voir jouer au grand frère encore.
J’ai eu peur.
Peur de ce que tes parents t’avaient déjà appris sur les enfants qui sont différents. J’ai eu peur qu’en sachant qu’il était différent, tu ne veuilles plus jouer avec lui, comme tant d’autres le feront déjà par ignorance. Toi qui ne connais pas encore le rejet et l’indifférence, j’ai voulu qu’il en soit ainsi pour encore un bon bout. Comme si mes simples paroles avaient le pouvoir à elles seules de changer ton regard sur lui.
J’aurais voulu t’expliquer que mon fils est comme ça à cause d’un vilain chromosome. Il n’est pas contagieux, même s’il a les yeux bridés ou la langue toujours sortie. Il te mérite toi, et tous les autres, comme ami(e)s. Lui aussi peut t’apporter plein de belles choses si tu te montres patient et ouvert. Je t’aurais aussi expliqué qu’un jour les paroles que tu pourrais dire dans son dos contre son état, le blesseront.
Ne m’en veux pas. Bientôt je rencontrerai un autre fin renard comme toi et, grâce à toi, je lui expliquerai. Je lui dirai que les humains sont comme les fleurs. Il y a dans la nature autant de variété de fleurs que de gens. Et, c’est parce que ces fleurs sont toutes différentes qu’ensemble elles forment un bouquet magnifique!
Bien à toi, mon fin renard qui m’a fait grandir encore un peu.
Avez-vous déjà été pris au dépourvu par des questions d’enfants?
Que dites-vous à vos rejetons sur les enfants différents?