Grand-mère travaillait, maman travaillait : décider de briser le cycle et de prendre son temps.
Valerie Poulin Ma mère est une overachiever. Ceinture noire au judo à 13 ans, elle enseignait déjà le sport aux enfants. Elle est ensuite devenue présidente de Judo Québec, la première femme à tenir ce titre d’ailleurs. Elle a travaillé au gouvernement et a été bénévole pour une panoplie d’organismes. Elle a même été commentatrice aux Olympiques. True story.
Elle en a toujours fait beaucoup. D’ailleurs, même à la retraite, elle continue à se démener. Malgré son horaire, elle prenait toujours mes appels sauf qu’elle manquait souvent à l’appel… Jeune, je me suis trop souvent sentie mise de côté, pas très importante à ses yeux.
Même si j’entendais les mots qui m’expliquaient ses départs, au fond, je ne comprenais pas vraiment. Je me sentais abandonnée. Une petite partie de moi comprenait qu’elle devait travailler pour gagner de l’argent. Mais dans mes oreilles d’enfant, ça se traduisait par « L’argent est plus important que toi », parce qu’on ne comprend pas à cet âge-là.
À l’adolescence, c’était encore très dur pour moi de comprendre l’importance que ma mère accordait à ses activités. Presque plus difficile que quand j’étais enfant. C’est peut-être d’ailleurs pour ça j’étais en rébellion. (Désolée, m’man…)
À l’aube de l’âge adulte, j’ai fini par comprendre un peu mieux pourquoi elle voulait autant travailler. Je comprenais son envie de se trouver, de faire quelque chose pour elle. D’être autre chose qu’une maman. De pouvoir avoir quelque chose sur quoi retomber, de se sentir utile. J’étais en plein questionnement sur mon propre futur et « maman à la maison » n’était certainement pas une option.
Dans ma tête de young adult, « mère à la maison » n’était pas un boulot crédible, mais plutôt un genre de prison qu’on se voyait imposer après l’évacuation du petit. Je ne comprenais pas que quelqu’un puisse volontairement vouloir passer tout son temps à la maison à s’occuper de mômes. Je trouvais ça lâche (!!!) et je pensais que ce n’était que pour les femmes pas éduquées. Lapidez-moi, j’essaie juste d’être honnête.
J’étais donc fière de ma mère avec toutes ses réalisations. Quelle femme incroyable! Ma vision avait presque complètement changé quand soudain, je suis tombée enceinte.
Grosse remise en question de mes valeurs, de mes envies, de mes rêves. Certes, je suis allée à l’autre extrême, mais la dernière chose dont j’avais envie c’était que mes enfants ressentent ce que j’ai trop souvent eu dans le fond de l’estomac.
Je ne me mets pas de côté et je ne fais pas pause sur ma vie. Mon implication auprès de mes enfants est la job la plus importante que j’ai eue de ma vie. Je n’ai pas besoin de travailler 8 heures par jour pour quelqu’un d’autre pour me sentir bien et accomplie. Savoir que j’élève mes enfants à notre manière est le plus beau et le plus grand des accomplissements pour moi.
Crédit : I View Photography
Je prends avec plaisir les heures supplémentaires et les demandes exigeantes de mes patronnes. Bonus : mon collègue est pas mal cute. Même qu’il me permet de m’échapper, au besoin, et souffler le temps de recharger mes batteries pour le shift du lendemain.
Et que dire du salaire? Ça vaut tout l’or du monde.
Pas besoin d’avoir les poches pleines pour me sentir riche.
Êtes-vous plutôt « au bureau », « à la maison » ou un heureux mélange des deux?