«Chanceuse, vraiment?» Quand la réalité frappe de plein fouet. #AgressionNonDénoncée
Marie-Claude RoyerDernièrement, on a pété ma bulle.
Dans la foulée du mouvement #AgressionNonDénoncée, mes yeux de petite fille naïve pure se sont ouverts à une réalité que j’ignorais.
Pas que je pensais que la violence sexuelle n’existait pas; je ne vis pas sous une roche quand même. Mais je pensais, du haut de mes 30 ans, avec toute l’innocence dont je faisais preuve, que ce n’était pas si fréquent que ça, que ça n’arrivait qu’aux autres, à des filles que je ne connaissais pas. J’avais de la compassion pour elles, évidemment, mais sans plus. C’était triste, voilà tout.
Soudainement, une tonne de témoignages tous plus perturbants les uns que les autres se sont mis à déferler dans mon entourage. Des grands-pères aux mains baladeuses, des chums qui ne savent pas s’arrêter, des voisins aux regards pervers. Et c’est là que c’est arrivé. C’est là que ma bulle a éclaté.
La première chose qui m’est venue en tête c’est que, moi, je suis chanceuse. Chanceuse parce que ça ne m’est jamais arrivé. Un homme ne s’est jamais permis de me violenter de quelque façon que ce soit. Pas de geste inapproprié, pas de commentaires douteux. Niet.
Et soudainement je me suis demandé dans quel monde on vit. Pour qu’une femme se sente chanceuse de ne jamais avoir subi de violence sexuelle. Ça ne devrait pas être une chance, mais bien la norme. Je n’ai aucunement envie de voir mes filles grandir dans un monde où il est commun qu’une femme se fasse agresser sexuellement. C’est cliché, mais c’est ça quand même. Je veux que mes filles aient la même chance que moi, mais que pour elles, ce soit normal. Je veux que mon innocence d’avant devienne leur réalité.
La dénonciation est primordiale. L’éducation sur le sujet l’est tout autant. Nos filles grandiront dans le monde que nous formons aujourd’hui. Il faut qu’elles puissent avoir les outils pour y faire face. Nos garçons doivent également apprendre le respect des limites pendant qu’il est encore temps. Pour éviter qu’ils deviennent une statistique épeurante.
Croyez-vous que le mouvement permettra de conscientiser et d’enrayer les agressions sexuelles?