Vivre avec un parent abusif.

Mon papa, je l’aime, mais ça n’a pas toujours été ainsi.

Petite, je me souviens de lui qui était toujours parti de longues heures ou même plusieurs jours à l’extérieur pour son travail. Nous ne le voyions pas beaucoup à la maison.

Par contre, quand il était là, nous marchions sur des œufs… Durant le jour, tout était correct, c’était un papa tout ce qu’il y a de plus normal, ou presque. Le soir, par contre, ça dégénérait souvent. Ma maman essayait de me protéger le plus possible et de me tenir éloignée de tout ça. Ce n’était cependant pas toujours évident.

Mon papa avait un problème de consommation d’alcool. Il avait l’alcool méchant, comme on dit. On pouvait le reconnaître dans ces moments, nous disions qu’il avait « ses petits yeux noirs ».

Il ne nous a jamais touché, ni ma maman, ni moi. Mais toutes les méchancetés qu’il disait… C’était aussi douloureux qu’une claque en plein visage.

Il pouvait aussi lui arriver de tout casser dans la maison, ou presque. La peur était plus que présente dans ces moments où ma mère me gardait blottie contre elle, dans le lit, en attendant que ça passe.
Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi elle est restée toutes ces années. Je l’ai toujours sentie malheureuse, prise au piège. Aujourd’hui encore, elle est à ses côtés, même si l’amour n’est plus au rendez-vous.

Lui, il a changé. Il a diminué sa consommation et est maintenant à la retraite. La violence verbale a pas mal disparu, mais il y a parfois des rechutes.

Malgré tout ça: je l’aime quand même mon papa.

Freud se penche d’ailleurs sur ce sujet: la transmission psychique d’une génération à l’autre a.k.a. la possibilité de reproduire le même schéma familial que celui dans lequel nous avons grandi, même inconsciemment. Même en désirant à tout prix ne pas reproduire les mêmes choses, il y a possibilité que cela nous arrive… Et quand j’y pense, ça me fait peur.

Ça me fait peur parce que je constate que, dans mon parcours amoureux, la plupart des hommes qui m’ont attiré avaient tous des dépendances à l’alcool ou à la drogue.

Ça me fait peur parce que le papa de ma fille a déjà eu ces mêmes dépendances. Même s’il en est sorti aujourd’hui, qui sait si ça ne reviendra pas?

Chaque chicane me fait peur. J’ai peur des cris, des mots lancés à la tête de l’autre. Les mots m’effraient. J’ai une très faible tolérance aux engueulades, celles-ci me mettent carrément à terre.

Mon copain me respecte, m’aime et comprend mon mal, mais je resterai toujours sur mes gardes. Et je m’en veux pour ça. Je ne pense pas être capable de vivre cet amour aveugle que
certains ont. Mon chéri ne pourra jamais être celui à qui je confie tout et en qui j’ai confiance à 100% et ce, même s’il le mérite amplement.

Avez-vous vécu des situations familiales que vous avez peur de reproduire à votre tour?