J’ai toujours trouvé ça étrange de porter des vêtements.
Pour moi, la peau, c’est de la peau. Être nue ou que les autres le soient, ça me va.
J’ai secrètement envié les peuples amazoniens ou africains durant toute ma vie, parce que j’aime les sensations que la peau nue m’offre.
Des sensations comme la chaleur du soleil sur ma poitrine, la douceur des draps sur mon dos et la fluidité de l’eau quand je patauge dans les vagues.
Le chercheur Kilton Stewart apporte un point qui m’a profondément marqué dans son livre « Pygmies and Dream Giants ». Il rapporte que les Négritos des Philippines (qui, vous l’aurez deviné, ne portent pas de vêtements) « sont très sensibles à tout ce qui rampe, et ils étaient stupéfaits qu’une fourmi puisse grimper le long de ma jambe sans que je m’en aperçoive ». Ça m’a amené à me demander: est-ce que porter des vêtements désensibilise la peau?
Les bébés naissants ont la peau très sensible. Enfiler des pyjamas, les premiers temps, peut même être une expérience désagréable. Par contre, les récepteurs sensoriels de la peau ont pour avantage de se désensibiliser avec le temps. Porter des vêtements devient alors très banal.
En portant des vêtements, nous empêchons donc notre peau de développer toutes ses qualités tactiles, comme celles qui permettent de ressentir une simple fourmi sur un pied ou une jambe. Il faut admettre que les vêtements nous permettent quand même de se protéger du froid plusieurs mois par année.
Préférez-vous vous emmitoufler dans un gros pyjama ou enlevez-vous tous vos vêtements dès le seuil de votre porte franchi?