Mamie, il y a tellement de choses que j’aimerais te dire. Comme je suis convaincue qu’à quelque part, tu nous observes quand même, je crois que tu sais déjà toutes les choses évidentes.
Ce que peut-être tu ne sais pas, c’est que je ne vais pas voir Papi assez souvent. Je ne suis pas aussi présente que je le devrais et je m’en sens vraiment coupable, mais c’est tellement difficile. Parce que Papi n’est plus le même depuis que tu es partie. En fait, il est peut-être le même, mais je ne le connaissais pas aussi bien que toi… je ne sais pas. Mais aussi parce qu’à chaque fois que je le vois, ça me rappelle que toi, t’es plus là.
Tu es encore partout dans la maison. Il expose tes photos et ta belle broderie bien en vue, mais toi, tu n’y es plus. Deux ans plus tard, l’odeur de ton parfum s’est évaporée et il manque plein de petites choses… j’ai dû acheter du savon à main parfumé pour la salle de bain; Papi se servait d’une barre de savon bien ordinaire et je sais que tu n’aurais pas aimé ça.
Ce que tu ne sais peut-être pas aussi, c’est que ça me tue quand je pense que Raphaëlle ne va pas se souvenir de toi. Tout le monde dit qu’elle aura des belles images de toi et qu’elle aura nos souvenirs à nous, mais ce n’est pas pareil. C’est pas juste parce que toi, tu ne voulais pas partir. Tu as demandé à ton médecin de te laisser le temps de voir grandir ta fille… dans ta confusion, on a tous compris que tu voulais parler de Raphaëlle.
Je suis sûre que tu la vois d’où tu es, mais elle ne peut pas te voir. Je trouve ça injuste, car elle t’aurait tellement adoré, tout comme elle adore son Papi.
Et Mamie? Ce que tu ne sais peut-être pas non plus, c’est que moi aussi je m’ennuie vraiment beaucoup. Je m’ennuie d’aller chez toi sur le fly. Je m’ennuie de tes appels à 9h02 pour me demander où je suis quand je t’avais dit que je serais chez toi à 9h00. Je m’ennuie de nos sessions de magasinage. Je m’ennuie de tes cretons.
Ma belle Mamie d’amour, je t’aime.