« T’es même pas si folle que ça. » – Quand la maladie mentale nous inquiète beaucoup

Je fais partie des gens qui ne trouvent pas drôles certaines blagues. Je sais que ça en surprendra plusieurs parce que j’ai l’air de passer ma vie à dire des niaiseries et à ricaner pour rien, mais non, je manque gravement d’humour sur un sujet en particulier. C’est évidemment lié au suicide de mon père, toutes les blagues de suicide ou de maladie mentale, ça ne me fait pas rire pantoute. Ça me pince en dedans.

J’ai une relation plutôt complexe avec les maladies mentales. Je veux comprendre, je veux faire comprendre, je veux aider… en même temps je suis devenue paranoïaque face à moi-même. Comme je connais les études qui présentent la bipolarité comme étant probablement une maladie génétique, je surveille le moindre signe de défaillance de ma tête avec une obsession malsaine. 

Au point où tout le monde près ou loin de moi sait que je me considère comme « un cas » de folie. Au printemps passé, pendant une période plus noire, je suis allée voir une psychiatre pour avoir de la médication ( j’ai promis de ne jamais me suicider) et vu mon historique familial, elle a décidé d’essayer un médicament.

J’ai essayé, prête à tout, résignée à être une autre statistique. Je n’ai pas aimé ça du tout. Quand tu dis que tu es beaucoup beaucoup mieux sans, même en allant assez mal pour consulter en psychiatrie, c’est louche non? J’ai essayé deux sortes, au cas où ce serait l’explication. J’avais l’impression d’être sur une hallucination de vieil acide expiré doublé de somnifères.

La psychiatre a dû m’expliquer (je pensais que je le savais déjà) qu’il arrive à tout le monde d’avoir des moments plus noirs et qu’ils ne sont pas nécessairement annonciateurs d’une dépression. « Oui, mais moi, à cause de mon père, ça doit être ça, non? »

J’en suis là. Me faire à l’idée que je suis peut-être plus stable que je pensais. Certes intense et impulsive, mais fonctionnelle. Câline. Mon chum a donc raison quand il me dit : « Anne, t’es vraiment pas aussi folle que tu penses. »

Vous avez déjà entendu parler de quelqu’un qui consulte en psychiatrie pour se faire dire qu’il est moins malade qu’il pensait?