Lundi :
Quand je suis arrivée à la clinique avec ma méga bedaine, ma DPA dépassée et ma démarche de canard qui n’en peut plus, j’ai tellement fait rire le préposé qu’il ne s’est pas gêné pour me demander : « Qu’est-ce que tu fais encore là, tu accoucheras jamais. » J’ai ri jaune et je suis rentrée dans le bureau de ma médecin. J’ai bien noté qu’elle était de garde le lendemain soir et le jeudi, au cas où le tout se déclencherait naturellement à pareille date.

Mardi :
Rien

Mercredi :
Rien. Je décide quand même d’écrire d’urgence à mon acuponcteur pour voir s’il y aurait une place en soirée. Par chance, il décide de me prendre un peu plus tôt que le début de son shift, le lendemain. De toute façon, je ne dors plus depuis déjà un mois, une journée de plus ou de moins ça fait rien.

Sur le point d'exploser 
Crédit : (polaroid: Virginie Gosselin) sur le instagram de CarolaneS

Jeudi :
Je me traîne à mon rendez-vous en voiture même si c’est à deux pas de chez moi. Mon acuponcteur me dit qu’il va y aller rough mais que le travail devrait se déclencher tout seul en soirée. Je ne sais pas si je dois le croire, mais rendue la, une fille essaye n’importe quoi anyway. Je rentre chez moi, mon copain me dit qu’on va aller chercher des plantes pour le jardin. Nous passons l’après-midi sur la trotte et je ne veux pas lui dire que je me sens bizarre. L’effet placebo, you know. En revenant à la maison, les contractions se font vraiment sentir. Je mange un steak (que je finirai par vomir un peu plus tard dans la soirée) et je décide de prendre un bain.

Je tombe rapidement à moins de 5 minutes d’intervalle entre mes contractions. J’appelle l’hôpital pour leur dire, il est environ 20h30. L’infirmière au téléphone me trouve trop relaxe quand je parle et me conseille de rappeler quand j’aurai mal pour vrai. Je suis déçue. Je texte mon accompagnante à la naissance pour lui dire que ça se prépare. Vers 21h30, je n’en peux plus, les contractions font mal et je perds de la slush rouge. J’appelle Marie Jeanne à la rescousse, elle arrive 20 minutes plus tard. Mon chum est dans le jardin avec des amis parce que je veux être toute seule pour gérer ma douleur.

Je suis super calme, même si j’ai sacrement mal. Il me vient une fixation intense que si je suis prise pour être des heures à accoucher, je ne veux pas mourir de faim. Il est 10h30. Je me prends le plus gros bol de céréales du monde, ce qui fait rire MJ (parce que je vais vomir mes bouchées entre temps). J’appelle l’hôpital et je crie à l’infirmière que j’ai mal, de me préparer ma chambre parce que j’arrive. Mon chum et MJ me regardent en me demandant pourquoi je n'ai pas parlé avant de ma douleur et je leur réponds que tout est sous contrôle. Je ne voulais juste pas me faire dire que je suis trop calme.

Même aux balbutiements d'allaitement j'étais crampée!
crédit : Edith De Morine

On prend un taxi, mes douleurs sont tellement intenses que je sursaute. J’ai mal au cœur.

Minuit, arrivée et installée dans la chambre, je suis tellement contente de voir ma docteure. On m'examine et comme je suis à 4 cm, on peut me garder. On me demande si je veux l’épidurale, je dis oui. Ça étonne vraiment mon accompagnante parce que je suis, somme toute, très relaxe. Je somme mon chum d’aller me chercher des denrées : yaourts, jus de fruits, petites noix, bouteilles d’eau. Je veux tout-e.

En attendant l’anesthésiste, j’ai droit au gaz hilarant. Je trouve ça vraiment awesome parce que je peux crier dans le masque pour me vider les poumons  avant de prendre une grande draft. J’ai l’impression que des rideaux de velours viennent de tomber dans la pièce, je suis bien et je ne me rends pas compte que j’ai la même tune de Billie Holiday qui joue en boucle.

Quand l’anesthésiste arrive, je suis en train de grogner. On va chercher ma doc parce que je suis clairement en train de pousser. Je dis que c’est impossible parce que je n’ai pas perdu mes eaux. L’infirmière qui n'arrête pas de changer le pad sous mes fesses me dit que oui parce que tout est mouillé. Je lui dis que je suis encore capable de dire quand je me pisse dessus. Ce que confirme ma doc deux minutes après.

On me crève les eaux. Je pousse.

Ma médecin se met à crier que ma fille a vraiment beaucoup de cheveux. Par son excitation, elle me force à toucher et mon chum à regarder. Je pousse encore, le bébé sort. Elle me fait caca dessus. Je ne réalise pas. Il est 3h30 le matin. Je n’ai pas eu le temps de boire mon jus, mon chum mange le yaourt. Je regarde la petite chose qui est déposée sur mes seins et j’analyse son visage. Je trouve son petit nez écrasé. Elle a du caca sur la tuque d’hôpital. J’envoie une photo à ma famille où on voit vraiment mon mamelon.

Soudain, je prends le bras de Fabien et je lui dis, les yeux grands : « regarde, c’est mon bébé. »

Est-ce que vous aviez une obsession pendant que vous accouchiez? Est-ce que ça a été rapide?